«Aujourd’hui, le nombre des maladies supposées s’élève à trente mille variantes,
auxquelles s’ajoutent chaque jour de nouveaux maux», écrit Jörg Blech, journaliste allemand, dans « Les Inventeurs de maladies» (ed. Actes Sud). Tout commence souvent par l’observation d’un médecin à qui apparaît un phénomène notable chez l’un de ses patients. Phénomène bientôt confirmé par des confrères sollicités. Un article «scientifique» est publié, dans lequel on ne retient que les faits allant dans le même sens. Et cet article servira de caution à un laboratoire afin d’élaborer un nouveau produit. Un exemple parmi d’autres de maladie inventée, selon l’auteur : l’andropause, supposément causée par «un déficit de testostérone» et débouchant sur le miracle du «Viagra» – miracle pour le vendeur.
La maladie a été «vendue en même temps que le produit. Les fabricants d’hormones ont lancé des instituts de sondage, des agences de publicité et de relations publiques, des professeurs de médecine et des journalistes dans cette entreprise : faire connaître l’andropause comme une maladie sérieuse et largement répandue». Même tentative révélée par le British médical journal, mais avec moins de succès pour le moment, à propos d’une supposée «impuissance féminine». Déjà, pourtant, la ménopause – qui n’est nullement une maladie – rapporte gros aux labos.
Autre façon de procéder : des laboratoires s’adressent directement au public via les médias. Wyeth, par exemple, a fait paraître dans le magazine people Bunte un «questionnaire du désir » visant à dépister des «déprimés qui s’ignorent ». Il est ensuite recommandé à ceux qui, d’après le test, souffrent d’un déficit de désir de «prendre conseil auprès d’un médecin». Qui prescrira – beaucoup trop souvent – un antidépresseur. « Cette forme indirecte de publicité, écrit l’auteur, est de plus en plus prisée par le secteur pharmaceutique ».
Troisième stratégie : agir en coulisses auprès d’autorités nationales et/ou de l’OMS pour faire abaisser les normes selon lesquelles le taux d’une substance dans le sang sera dangereuse, et la diaboliser. A partir de quels chiffres l’hypertension, la glycémie, les triglycérides sont-ils dangereux ? Les scientifiques ne sont pas tous d’accord. Dans le cas du cholestérol, l’opération a permis d’enrichir les marchands de margarine et de garantir une rente à vie aux fabricants de statines et autres hypolipémiants. Un énorme pactole de milliards de dollars. « Un comité de la Société de cardiologie américaine exige même que le taux de cholestérol soit mesuré chez l’enfant dès l’âge de cinq ans». Beau marché en perspective !
Résultat : une consommation effrénée de médicaments qui le plus souvent ne font que supprimer les symptômes, mais ne restaurent pas la santé, et qui, de surcroît, ont des effets dits secondaires engendrant de nouveaux troubles que l’on «soulagera» grâce à d’autres molécules chimiques Exemples : des médicaments contre l’hypertension pourront provoquer des vertiges, que l’on «traitera» avec des antivertigineux ; des anti-inflammatoires nécessiteront la prescription de protecteurs de la muqueuse de l’estomac, qui vont à leur tour déséquilibrer les bactéries gastriques ! Une chaîne sans fin. Une chose est sûre : pour chaque déséquilibre, trouble ou maladie, réelle ou inventée, il y aura plusieurs «réponses» chimiques, un principal bénéficiaire, les labos, et un grand perdant : le patient dont l’organisme continue de se délabrer.
Auteur : MFI
Source : www.eburneanews.net
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