Les gauchers ne sont pas toujours à la fête

Autrefois brimés, aujourd’hui ignorés, les gauchers, dont c’est la Journée internationale, comptent dans leurs rangs deux des hommes les plus puissants du monde.

Il ne fait jamais bon se lever du pied gauche, encore moins passer l’arme à gauche. Et vivre au quotidien avec une main gauche plus douée que la droite, ça donne quoi ? A première vue, malgré toutes ces expressions courantes qui stigmatisent encore ce qui est gauche, on se dit que ça ne doit plus être si terrible aujourd’hui. Après tout, elle est loin l’époque de nos grands-parents, qui se voyaient attacher le bras gauche dans le dos ou à la chaise de l’école, « contrariés » pour apprendre à écrire comme tout le monde (soit 87 % de la population), c’est-à-dire de la main droite.

De croyances en clichés, il pourrait même paraître franchement avantageux, voire chic ou tendance, d’avoir hérité d’une « gaucherie » de naissance, étant donné les célébrités qui ont traversé l’histoire à la force du poignet gauche. Jules César et Léonard de Vinci, Jimi Hendrix et Erno Rubik, inventeur du fameux Rubik’s cube, Charlie Chaplin, Verlaine, pour ne pas citer tous les champions sportifs, comme le Français Sébastien Loeb. La liste de ce gotha compte même deux des plus puissants hommes de ce monde : Bill Gates et Barack Obama !

« Un monde fait par et pour les droitiers »

Le gaucher, à l’inverse du droitier, a même sa Journée internationale, tous les 13 août « C’est qu’il reste encore du chemin pour que ces 13 % de population soient sur un pied d’égalité », explique Alain Galobardès, droitier à l’accent chantant, créateur en 2004 du site www.Lesgauchers.com, depuis Brive (Corrèze), où il vend aussi en boutique tout ce qu’il trouve ou réussit à faire fabriquer comme ustensiles adaptés aux gauchers, ces « hors-normes », comme il les appelle. « Depuis les années 1970, on laisse le gaucher en paix, on l’accepte, mais on ne lui facilite toujours pas la vie ! » Le lot quotidien des « gens à l’envers », souligne Alain Galobardès, est d’enchaîner, encore de nos jours, les défis insoupçonnés de 87 % de leurs congénères, dans un monde fait par et pour les droitiers, qu’ils grimpent dans leur voiture avec levier de vitesses à droite, empoignent une paire de ciseaux, saisissent un tire-bouchon ou un ouvre-boîte, ou envisage de tailler un crayon ou leurs rosiers.

Auteur : Claudine Proust

Source : www.leparisien.fr