Sa récente entrée en Bourse réussie, l’inventeur de la Vespa mise désormais sur le MP3, un scooter à trois roues dont deux à l’avant, pour conserver sa place de leader.
Un milliard d’euros. C’est la valeur de Piaggio après son introduction à la Bourse, le 11 juillet. Une introduction au cours de laquelle l’action du célèbre constructeur italien s’est échangée près de 13 % au-dessus de son prix de vente. Voilà qui est de bon augure pour l’avenir et pour le nouveau modèle de la marque : le MP3. Sa caractéristique ? Il sera le premier scooter à posséder trois roues dont deux à l’avant. De quoi assurer une adhérence maximale à la route, une distance de freinage réduite et, par conséquent, une sécurité accrue. Certains estiment que la présentation du MP3 était un moyen d’«embellir la mariée» avant d’entrer en Bourse. C’est oublier que le modèle a nécessité trois ans et demi de recherches et développement et a fait l’objet de 33 brevets. Soit un coût deux fois plus élevé que pour un nouveau modèle à deux roues.

«Le MP3 a une ambition très stratégique, avoue Alex van den Hoff, marketing manager de Piaggio Benelux. Il peut nous permettre de toucher un nouveau public. Notre volonté est d’offrir une machine qui réponde au souhait croissant de mobilité du public tout en touchant ceux qui craignent le manque de stabilité des deux roues.» Piaggio pourrait notamment compter sur la nette augmentation du marché du scooter dans les pays européens (hors Italie où il est déjà considérable) dont la Belgique. «Chez nous, le marché a augmenté de 46 % entre le premier trimestre 2005 et celui de 2006», indique Michel De Meûter, conseiller deux roues à la Febiac.
«Piaggio n’est pas un suiveur !»
Avec ce nouvel engin, Piaggio transmet surtout un message fort à ses concurrents qui souhaiteraient lui voler sa suprématie – le groupe possédait 30 % de parts de marché en Europe en 2005 : «Nous voulons montrer que Piaggio n’est pas un suiveur et que le groupe est encore capable d’innover technologiquement», martèle Alex van den Hoff. C’est que la firme italienne sort à peine la tête de l’eau après plusieurs années de galère.
Après le décès prématuré du P.-DG Giovanni Agnelli, la société a été rachetée en 1999 par le fonds d’investissement Morgan Grenfell Private Equity qui l’a endettée à hauteur – 600 millions. En 2003, l’homme d’affaires italien Roberto Colaninno (ancien patron d’Olivetti qui a lancé une OPA sur Telecom Italia) a repris les rênes et est parvenu à redresser Piaggio grâce à des réductions de coûts, à la modernisation des usines ou encore le rachat de marques telles que Aprilia qui ont permis à Piaggio d’investir de nouveaux marchés. Aujourd’hui, même si l’endettement de la firme reste important – 400 millions -, elle retrouve les bénéfices : son résultat net en 2005 a atteint 38 millions pour 1,45 milliard de chiffres d’affaires.
Dans ce contexte, le succès commercial du MP3 est crucial pour Piaggio. Raison pour laquelle le constructeur italien maintiendra le prix de l’engin autour des € 5.000. Un prix comparable à celui des autres modèles de même cylindrée bien que la production du MP3 coûte 25 % de plus. Dans un premier temps, les marges de Piaggio sur chaque scooter vendu seront plus faibles. Mais le groupe pourrait, en cas de succès, appliquer la technologie trois roues à d’autres de ses modèles et même vendre les brevets et empocher des revenus confortables.
Auteur : Christophe Charlot
Source : www.trends.be
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