40 ans d’inventions et d’innovations à Bell-Village

Il avait à peine trois ans que déjà il démontait tous les jouets que sa mère lui offrait. Pas parce qu’il était «brise fer» mais parce qu’il voulait comprendre leur mécanisme avant de les reconstruire. A l’adolescence, alors que ses copains commencent à avoir d’autres centres d’intérêts, Ravi Sharma Dalooa, lui, réclame encore des voitures téléguidées. «La mécanique des voitures de mon enfance était simple. Je voulais voir où en était la technologie aujourd’hui», confie le jeune de 16 ans.

Entre les mains, sa dernière invention : un avion solaire qu’il a construit avec une bande de copains du Mootoo Coomaren Sangeelee Secondary State School de Surinam. L’avion est exposé depuis lundi au Rajiv Gandhi Science Centre (RGSC), à Bell-Village. Il fait partie d’une exposition organisée par le ministère des Arts et de la Culture qui retrace 40 ans d’inventions et d’innovations mauriciennes. Une manifestation du même genre avait été organisée lors du 21ème anniversaire de l’indépendance en 1989. «A man without imagination is like a bird without wings», dit Mahen Gowressoo.

Et de l’imagination, Ravi Sharma Dalooa en a à revendre. Tellement qu’il pense déjà à sa prochaine réalisation : une voiture qui roulerait à l’eau. Mais d’où lui viennent ces idées ? «Construire un avion, c’était un rêve d’enfant. Le choix de l’utilisation de l’énergie solaire ou de l’eau est parce que le pétrole sera de plus en plus rare, il faut trouver un autre moyen de faire fonctionner les avions, voitures et autres moyens de locomotion.» Comme bon nombre d’inventeurs, Ravi se retrouve confronté à un problème de financement. «Notre collège nous a promis de nous aider financièrement mais nous n’avons toujours rien reçu. Il nous a donc fallu financer le projet de notre poche.»

Le jeune homme qui se rêve ingénieur et ses amis n’ont pas baissé les bras et ont planché pendant quatre mois à imaginer un avion qui pourrait fonctionner avec de l’énergie solaire et à trouver les pièces nécessaires. Après la construction de l’avion, qu’il n’arrive pas à décoller, découragés, ses amis veulent abandonner. Mais Ravi Sharma décide de tout reprendre à zéro. Avec succès. L’avion finit par décoller. Si bien qu’ils remportent même le deuxième prix à un concours organisé par le RGSC. Ravi , à qui ses parents confient toujours le soin de réparer «tout ce qui se casse à la maison», soutient qu’un avion qui fonctionne à l’énergie solaire peut voler. Il y croit. Même si ce n’est pas lui qui réalise cette prouesse, il est persuadé que quelqu’un le fera. Un jour.

La protection de l’environnement et le développement durable, les jeunes en ont conscience. A côté de la maison des garçons du Forest Side SSS, le frigidaire qui fonctionne sans électricité des collégiennes du Hindu Girls. Ces doux rêveurs démontrent, prototype à l’appui, que leurs réalisations sont viables. Que la maison en bambou, si des bambous d’un diamètre de 3 cm sont utilisés, peuvent résister à des rafales de 200km/h et qu’avec du sable et des pots en terre cuite, on peut conserver de la nourriture périssable entre 15° et 17° pendant plusieurs jours. Les jeunes du St Aubin SSS ont, eux, imaginé un sac biodégradable en feuilles de banane. Des chaussures climatisées à une «super» veste, en passant par un pupitre imaginé par des enfants du CPE pour répondre à leurs besoins, la jeune génération ne manque pas d’imagination.

Ces réalisations exposées à côté de celles des institutions telles que l’Agricultural Research and Extension Unit (AREU) ou le Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI), ou d’individus tels que Michael Atchia ou le Dr David Andrew Yeung ne font pas piètre figure. Une exposition intéressante mais où la présence des inventeurs n’aurait pas été un luxe. Le visiteur n’en apprécierait que mieux sa visite. L’exposition se tiendra jusqu’au vendredi 14 mars, de 10 heures à 16 heures. L’entrée est gratuite.

Auteur : Valérie OLLA

Source : www.lexpress.mu