De la veille technologique à l’espionnage industriel


Mon conseil de management aux entrepreneurs : de la veille technologique à l’espionnage industriel

On cite volontiers Friedrich Krupp comme le créateur de l’espionnage industriel et son fils comme le fondateur du contre-espionnage industriel mais on oublie de signaler que si le père pilla le secret de fabrication de l’acier anglais ce fut pour obtenir la récompense offerte par Napoléon à ceux qui lui apporteraient ce procédé. Quant au fils, il ne fit qu’appliquer ce vieux principe qui conduit les voleurs à vivre dans l’obsession d’être volés. Certains procédés ne sont d’ailleurs pas condamnables. Qui aurait condamné Colbert lorsqu’il attira en France des architectes navals hollandais pour créer une marine de guerre aussi performante que celle des Anglais ? Qui aujourd’hui condamne ceux de nos dirigeants qui vendent leur savoir-faire à des pays étrangers qui viendront ensuite nous concurrencer ?

L’espionnage économique est vieux comme le monde, mais il devient une pratique banalisée. Dans le passé, on a volontiers pris comme exemple de victime la Chine qui perdit le secret de fabrication de la soie car, plus de 15 siècles avant notre ère, quelques vers quittèrent ce pays dissimulés parmi les fleurs qui ornaient le chapeau d’une princesse chinoise. Ce cadeau fit la fortune de son amant hindou. Aujourd’hui, des milliers d’entreprises se font piller par des milliers d’autres entreprises qui n’appartiennent pas toujours à des pays étrangers. Une enquête confidentielle réalisée voici quelques années aux États-Unis n’a-t-elle pas révélé qu’un tiers des grands sociétés américaines interrogées reconnaissaient avoir pratiqué l’écoute électronique de leurs concurrents ?

Le pourcentage d’informations recueillies par des moyens condamnables est cependant très faible. La plupart des renseignements qui concernent les clients, les fournisseurs, les concurrents et surtout les technologies sont en effet à votre portée. Vous les trouverez dans les revues, les banques de données, les descriptifs de brevets, les salons, les foires exposition. N’oubliez pas les communications des chercheurs car ces derniers tissent des liens qui transcendent les frontières et leur carrière repose très largement sur la publicité faite à leurs découvertes. A cette publicité, qui frise parfois l’inconscience, il faut hélas ajouter des procédés beaucoup plus condamnables : embauche de jeunes stagiaires chargés de rencontrer des concurrents pour leur extorquer de précieux renseignements, débauchage d’employés ayant accès à ces renseignements, compromission de cadres, piratage d’informations lors de la négociation d’accords de licence… Vous refuserez certainement de vous prêter à de tels procédés mais vous devez les connaître pour mieux vous en protéger.

En l’absence de brevets très sérieusement « bétonnés », un seul procédé permet de se protéger du vol de renseignements : l’obsession du secret, une obsession qui doit être partagée par tout le personnel.

Il resterait bien un autre procédé : celui qui consisterait à mettre tous les voleurs d’information au ban des accusés. Dans une société qui place l’efficacité économique avant la moralité ce vœu pieux sera sans doute considéré comme un anachronisme. Mais, voici quelques décennies, toute violation de la parole donnée et du respect d’autrui vous mettait en marge de cette société. Alors, pourquoi ne pas rêver au retour de ces valeurs qui sont aujourd’hui bafouées ?

Pour en savoir plus :

Consultez le Tome 1 de l’Art de diriger (Management & Stratégie) Edition Dunod, 3e édition 2006 : Chapitre 11, section 1 (« La veille technologique ») page 363 et suivantes.

Auteur : Robert PAPIN, Professeur à HEC, a créé puis dirigé pendant vingt ans le célèbre département Entrepreneurs au sein duquel il a formé plusieurs centaines de dirigeants et futurs dirigeants. Ayant créé lui-même plusieurs entreprises il est le conseiller de nombreux patrons français et étrangers. Il est agrégé en techniques de gestion, docteur en droit, diplômé expert-comptable, diplômé d’études supérieures de sciences économiques, expert en diagnostic auprès de la cour d’appel de Paris. Il est l’auteur de plusieurs best-sellers parus chez Dunod, dont L’Art de diriger, Stratégie pour la Création d’Entreprise, et le concepteur de cédérom d’auto-formation à la gestion d’entreprise. www.robertpapin.com

Source : blog.robertpapin.com


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