Faire un créneau sans passer la marche arrière, c’est possible. Grâce à André Rey qui fait braquer les voitures à 90° au lieu des 25° habituels. Ce garagiste de l’institut mécanique et électrique de Toulouse a consacré une partie de sa vie à cette invention. Mais depuis vingt-trois ans, aucun constructeur ne s’y intéresse.
« Si vous n’êtes pas satisfait du braquage de nos directions, vous n’avez qu’à en fabriquer une qui braque davantage ! ». Cette phrase, jetée un jour par un des ingénieurs techniques Ford, résonne encore dans la tête d’André Rey.
Concessionnaire Ford depuis 1946 à Albi, dans le Tarn, il ne supportait plus les nombreuses manœuvres et les interminables marches arrière que son garage long et étroit l’obligeait à effectuer. Il se plaignait régulièrement auprès des techniciens Ford du mauvais braquage de leurs voitures. En vain, jusqu’à ce que l’un d’entre eux, excédé, l’envoie sur les roses… « Il m’avait lancé un défi, je n’avais plus qu’à le relever. »

25 000 heures de travail…
En 1960, André Rey vend son garage… et l’aventure commence. En accord avec sa femme qui, grâce à son salaire de secrétaire, « fait bouillir la marmite » pour lui et ses trois enfants, il décide de se consacrer exclusivement à ses recherches.
Il se replonge dans ces livres de classe, compulse des revues techniques et étudie la théorie de construction des directions. « Si l’automobile a fait d’énormes progrès dans son ensemble, elle reste, pour ce qui est de la maniabilité, très en retard sur… la charrette à essieu. »
André Rey, après des mois de recherche, trouve l’équation mathématique qui lui permet d’inventer sa fameuse direction. Il s’enferme dans son garage de 15 m2 du pavillon familial. Avec un outillage sommaire (lime, scie, petite, perceuse et poste de soudure), il réalise le premier prototype sur une Vespa 400. En avril 1968, le défi est relevé. « Preuve est fait qu’un chercheur isolé, sans argent et sans outillage perfectionné peut mettre en œuvre un projet qui aurait nécessité des millions de francs dans un bureau d’étude de construction automobile. »
Divulgation sous caution
Les brevets sont accordés en France, en Angleterre et aux États-Unis. La Vespa 400 braque à 90°, ce qui permet notamment de faire un créneau sans passer la marche arrière.

En 1971, le second prototype, sur base de Renault 16, est prêt grâce à l’intervention d’un investisseur local, un marchand de jambon ! « Malheureusement, la Régie Renault a fait savoir qu’elle n’apporterait aucune aide. Tous les bureaux d’études sont preneurs de renseignements, de dessins et d’examens de prototypes. Mais cela s’arrête là. Ils engrangent tout et constituent une réserve technologie dans laquelle ils puisent si nécessaire… et moi, je ne verrai jamais la couleur de l’argent de mon invention. »
Pour pallier cet inconvénient, André Rey a développé un concept original : la divulgation sous caution. « L’inventeur informe l’industriel qu’il a résolu tel problème et lui propose la divulgation de son invention après versement sur un compte bloqué d’une sommes fixée d’un commun accord. L’inventeur touche les intérêts de cette somme pendant l’étude du projet. Les avantages sont importants, car l’industriel est sûr de ne pas perdre son capital en cas de renoncement et l’inventeur est tout de même un peu payé de sa peine ».
En attendant que les constructeurs automobiles s’intéressent enfin à son invention, André Rey garde confiance et espère ne pas emporter son équation mathématique dans sa tombe. « Sans prétention aucune, regardez Léonard de Vinci, tout le monde le prenait pour un fou… et pourtant ! »
Des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche. André Rey, lui a trouvé.
Auteur : Christophe Paillet, Auto Plus, N° 130, 05/03/1991
Prendre contact avec l’inventeur : Monsieur André REY
Adresse : 10, rue Jean Philippe Rameau – 81100 CASTRES – France
Tél. : 05.63.59.60.57 – Fax : 05.63.72.35.70
En savoir plus sur Invention - Europe
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.
