(Saint-Paul-d’Abbotsford) Norbert Pigeon partage des affinités avec Joseph-Armand Bombardier. Comme l’illustre inventeur, c’est un patenteux. Comme lui, il est parti de rien en travaillant au fond d’un petit atelier. Et comme lui, ses idées et ses créations ébahissent. Si M. Bombardier s’est fait remarquer avec ses motoneiges, M. Pigeon, lui, se démarque grâce à ses dépanneuses – des remorqueuses, dans le jargon québécois.
Les Industries NRC de Saint-Paul-d’Abbotsford vendent des dépanneuses aux quatre coins de l’Amérique du Nord. Des immenses, des grosses, des moyennes, des petites. Des garagistes, des compagnies de remorquage, d’autres types d’entreprises les utilisent aussi en Afrique du Sud, en France, en Angleterre, en Russie. L’entreprise vise maintenant à élargir l’exportation de ses produits dans des pays d’Europe de l’Est.
Tout un exploit pour un homme «qui n’a pas fait de grandes études», comme le dit lui-même M. Pigeon. «Moi, je suis un patenteux. Je regarde un problème et j’essaie de trouver une solution», dit-il pour résumer sa philosophie.

«Moi, je suis un patenteux. Je regarde un problème et j’essaie de trouver une solution», affirme Norbert Pigeon, président des Industries NRC.
C’est un peu grâce à son beau-frère que M. Pigeon a plongé dans l’industrie du remorquage. C’était en 1975. Son beau-frère, propriétaire d’un petit garage à Sainte-Madeleine, lui demande son aide. «Il avait une remorqueuse, mais voulait que je lui fasse un autre dispositif pour soulever les voitures», raconte M. Pigeon. Le système utilisé par les remorqueuses dans le temps, des crochets au bout de chaînes, explique-t-il, endommageait parfois les pare-chocs et les dessous des véhicules. M. Pigeon imagine alors un système qui se fixe en dessous des roues et qui soulève le véhicule sans en toucher aucune autre partie. Un bras de levage, dit-on maintenant dans l’industrie. «Je suis parti d’une page blanche et j’ai dessiné ça», se rappelle l’inventeur.
Le beau-frère n’a eu qu’à installer le système sur son camion. Fier de son invention, M. Pigeon l’a fait breveter.
Près de 40 ans plus tard, ce système équipe toujours des dépanneuses.
M. Pigeon, à cette époque, occupait une partie de la bâtisse où son père entreposait ses équipements agricoles. Le jeune homme exploitait alors depuis 10 ans sa petite affaire en soudure. Avec candeur, il affirme n’avoir jamais pensé que l’invention destinée au beau-frère l’amènerait à diriger aujourd’hui une entreprise où bossent une centaine de personnes et dont les innovations sont copiées par les concurrents. «Je travaillais pour nourrir ma famille et pour gagner ma vie», assure-t-il.
L’entreprise déménage une première fois en 1977 dans des locaux plus grands à Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville. Puis en 1983, elle s’installe dans d’immenses locaux à Saint-Paul-d’Abbotsford. Le locataire précédent, Produits hydrauliques de l’Est, un concurrent, avait fermé ses portes une année plus tôt. C’était un gros risque, se rappelle M. Pigeon. «On fonctionnait bien, mais on ne roulait pas sur l’or. Si on a réussi à acheter ça, c’est parce qu’on avait un bon nom ; on était travaillants et honnêtes. Aujourd’hui, aucune banque ne prêterait de l’argent pour ça», dit-il. Ce n’est pas facile pour les jeunes entrepreneurs, déplore-t-il.
Une fourmilière
Au fil des ans, M. Pigeon et son équipe ont développé de nouveaux systèmes de remorquage, des systèmes rotatifs, des systèmes de glissoires. Et ils sont tous, à l’exception des treuils, fabriqués sur place. C’est une grande fierté pour la boîte, souligne M. Pigeon. C’est ce qui explique aussi pourquoi l’entreprise est populaire dans son milieu. «L’entreprise a été prévue pour construire le plus de pièces possible à l’interne. Ça nous donne toute la flexibilité dont on a besoin. On peut fabriquer de petites pièces. On peut en faire en petit nombre. On peut aussi en faire à tout moment, sur mesure, pour répondre aux besoins de nos clients.»
L’usine de la rue Principale à Saint-Paul-d’Abbotsford est une véritable fourmilière. Ici, on découpe, on plie, on soude, on peinture toutes les pièces en acier produites, puis on les fixe sur les châssis des camions destinés à une vie de dépanneuse. Le filage est passé, ensuite branché sur les dispositifs électroniques, mécaniques et hydrauliques. Pendant ce temps, à l’étage, des ingénieurs, des dessinateurs et des techniciens travaillent à améliorer les systèmes existants et imaginent de nouveaux concepts. «On a vraiment une très bonne équipe avec nous. Ce sont tous des gens allumés et travaillants», s’enorgueillit le grand patron.
Les carnets de commandes de l’entreprise ne sont pas une source de préoccupation. Ce n’est pas le travail qui manque, souligne M. Pigeon.
En fait, les Industries NRC ont besoin d’être… dépannées. L’entreprise cherche en effet à embaucher des soudeurs, des machinistes, des assembleurs, des mécaniciens et des carrossiers. «On a embauché récemment. Mais il reste de la place pour des jeunes qui veulent travailler», a-t-il dit.
Auteur : Michel Laliberté
Source : www.cyberpresse.ca
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