Le numéro un mondial des moteurs de recherche suspend son projet controversé de numérisation de livres « Google Print ». Le temps d’arriver à un accord avec les maisons d’édition détentrices des droits de reproduction.
Le projet de Google avait été décrit par ses promoteurs comme un tournant comparable à celui de l’invention de l’imprimerie par Gutenberg vers 1450. Rien de moins. Le moteur de recherche sur Internet le plus utilisé au monde a décidé de suspendre son opération controversée de numérisation de livres « Google Print » le temps d’arriver à un accord avec les détenteurs de droits de reproduction de ces ouvrages. C’est ce qu’a annoncé vendredi le géant de l’Internet par le biais d’un communiqué sur son site.
« Comme beaucoup d’idées ambitieuses, Google Print a provoqué un débat et des discussions saines. Et nous avons écouté. Ces derniers mois, nous avons discuté avec de nombreux éditeurs, des entreprises d’édition et des auteurs de notre projet », écrit Adam Smith, responsable du programme. « Désormais, les détenteurs des droits peuvent nous dire quels livres ils préfèreraient ne pas nous voir numériser, si nous les trouvons dans une bibliothèque. Pour (leur) permettre d’examiner ces possibilités, nous ne numériserons aucun livre sous copyright d’ici à novembre », ajoute Adam Smith.
Défi technique et logistique
L’opération « Google Print », annoncée le 12 décembre 2004, ambitionne de numériser en six ans 15 millions de livres émanant de quatre prestigieuses bibliothèques américaines et une anglaise avec lequel elle a passé un accord (Harvard, Stanford, Oxford). Le but : permettre à tout internaute de consulter ces ouvrages. Mais sans leur permettre de sauvegarder, imprimer ou télécharger. Véritable défi technique et logistique, cette opération pourrait prendre dix ans pour un coût estimé entre 150 et 200 millions de dollars.
Mais l’initiative a été mal reçue. Et notamment en Europe de la part d’éditeurs et d’auteurs inquiets du non-respect de leurs droits sur ces œuvres, mais aussi de hauts responsables culturels et politiques alarmés par une possible hégémonie américaine dans le secteur de l’accès aux produits culturels. Parmi eux, le président de la Bibliothèque nationale de France, Jean-Noël Jeanneney. Il estimait en février que le projet serait forcément mené « dans un esprit américain ». Et l’ancien ministre de la Communication d’appeler « les décideurs européens à organiser en face une présence française et européenne » et « faire un grand effort de numérisation » des collections. Mi-mars, il était reçu par Jacques Chirac. Fin avril, six pays européens demandaient à l’Union européenne de lancer une « bibliothèque numérique européenne pour coordonner les actions des établissements nationaux. La polémique fit des vagues jusqu’aux États-Unis. Après l’annonce de la suspension du projet, l’Association des éditeurs américains s’est déclarée, dans Le Monde du 14 et 15 août, « heureuse » de la décision de Google.
Auteur : Amélie GAUTIER
Source : www.lci.fr
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