La déferlante de capitaux chinois en Europe n’aura pas lieu ?


La dernière étude de « The Economist Intelligence Unit », co-sponsorisée par Norton Rose, révèle que 91% des entreprises chinoises interviewées prévoient de se concentrer dans les trois années à venir sur leur marché domestique pour affronter une concurrence avant tout locale.

Norton Rose, cabinet d’avocats d’affaires international présent en Chine, a co-sponsorisé aux côtés de Bank of America, Deloitte, Dow Chemical, Towers Perrin et Grey Group Global la dernière étude réalisée par « The Economist Intelligence Unit » sur la Chine, intitulée « Domestic companies in China : Taking on the competition ». Effectuée de mai à juin 2005, cette étude synthétise l’opinion de 176 dirigeants d’entreprises de Chine continentale et experts locaux.

Seule une poignée d’entreprises chinoises prévoit d’investir à l’étranger.

Les conclusions de ce rapport révèlent qu’en dépit de quelques opérations d’envergure, fortement médiatisées à l’étranger telles que l’acquisition de la branche PC d’IBM par Lenovo ou de Marionnaud par AS Watson, en réalité une faible proportion des entreprises chinoises interrogées envisage à court terme des investissements hors du territoire national : seules 17% prévoient des investissements dans d’autres pays asiatiques, 12% en Europe et en Russie et 11% en Amérique du Nord. En valeur absolue la taille des investissements chinois à l’étranger est bien moins importante que celle du Japon vers la fin des années 80. La situation ne devrait pas évoluer dans un futur proche. Les investissements chinois à l’étranger devraient atteindre un montant global de 30 milliards de US$ d’ici à 2009. Ce montant ne représentera alors que 2,4% de l’investissement total mondial.

Hervé Castelnau, associé Corporate Finance en charge du « Chinese Desk » au sein de Norton Rose Paris commente : « Nous constatons en effet que seules quelques très grandes entreprises investissent massivement à l’étranger. Soit elles répondent à des stratégies politiques clairement établies (assurer l’approvisionnement du pays en pétrole par exemple, acquérir un savoir-faire, une nouvelle technologie), soit elles sont contraintes par leur marché intérieur (s’imposer à la concurrence locale par le rachat d’une marque à forte notoriété). Dans ce cadre, elles sont alors attentives au respect des règles de propriété intellectuelle. Au sein de notre réseau international, nous sommes témoins de l’intérêt de grandes entreprises chinoises pour les marchés de l’énergie dans les pays d’Afrique et du Moyen-Orient et pour le marché des télécommunications ».

Les entreprises de Chine continentale sont principalement tournées vers l’intérieur.

91% des entreprises interrogées indiquent que le marché intérieur chinois reste leur priorité pour les 3 années à venir. Elles se sentent avant tout concernées par l’approvisionnement de leur propre marché et la concurrence des autres sociétés chinoises : 59% des interviewés déclarent que leurs principaux concurrents sont les grands groupes étatiques et 49% nomment les sociétés chinoises privées. Seules 11% citent les sociétés européennes.

Virginie Deslandres, associée au sein de Norton Rose Pékin, exerçant son activité professionnelle depuis près de 20 ans en Chine, commente : « Le tissu économique reste encore très étatique et très local. Le nombre des entreprises privées a certes augmenté ces dernières années pour atteindre le chiffre officiel de 42% mais l’état conserve encore dans une majorité d’entres elles des participations majoritaires ou minoritaires ». Elle ajoute : « Si la concurrence des sociétés étrangères n’est pas encore ressentie par les personnes interviewées, nous avons, de par nos activités en Chine, un poste d’observation qui nous permet de constater l’arrivée de capitaux étrangers sous des formes diverses. Il s’agit principalement de prises de participations majoritaires mais aussi de partenariats, de création de sociétés mixtes ou encore de prises de participations minoritaires. Ces opérations sont aujourd’hui très nombreuses. A titre d’exemple, en 2004, Norton Rose a traité en Chine 120 opérations transfrontalières dont une quarantaine avec des groupes français ».

Les alliances stratégiques sont à l’ordre du jour pour renforcer la prédominance marketing et acquérir de nouvelles technologies.

Près de la moitié des entreprises chinoises interviewées est ouverte au concept d’alliance stratégique afin de renforcer son positionnement en Chine. 31% d’entre elles envisagent le recours à la co-entreprise, 23% s’intéressent aux fusions et acquisitions.

La puissance de la marque, qui pousse nombre d’entre elles à s’allier, apparaît comme l’un des avantages concurrentiels les plus importants (citée par 7/10 des interviewées) pour conforter la position des entreprises sur leur marché domestique, ou pour faciliter leurs exportations. Parmi les personnes interrogées, celles qui appartiennent au secteur très vaste dit « de la fabrication » sont particulièrement désireuses d’acquérir de nouvelles technologies à travers une association ou un partenariat (38%), de se recentrer sur un secteur à plus forte croissance (45%) ou de partir à la conquête des marchés étrangers (23%).

Cette tendance ne se vérifie pas dans le secteur des services où 39% des sociétés interrogées déclarent n’avoir aucune intention de participer à une quelconque alliance.

Virginie Deslandres complète : « Ces résultats confirment nos observations. L’activité est en pleine croissance, nombre de sociétés chinoises, souvent leader sur le marché domestique, sollicitent des groupes étrangers afin d’acquérir une technologie de renommée internationale et se distinguer de la concurrence locale en proposant des produits innovants et de qualité. Pour ces groupes internationaux déjà souvent implantés sur le marché local par le biais de produits importés, cette opportunité permet de pénétrer un réseau de distribution plus large et à des coûts plus compétitifs.

Toutefois, au-delà du rapprochement évident des forces actives des deux investisseurs, les risques de concurrence par le partenaire local sont à étudier et à prévenir avec beaucoup de soin dans les documents contractuels.

Par ailleurs, Virginie Deslandres constate que « Malgré une tendance à l’augmentation des prises de participation dans des sociétés chinoises existantes, principalement due à la promulgation récente de réglementations venant combler un vide juridique dans ce domaine, les groupes internationaux s’orientent encore aujourd’hui pour la plupart vers la création de sociétés nouvelles. Les raisons invoquées sont essentiellement liées aux difficultés et aux lourdeurs des procédures de « due diligence » qui, dans la grande majorité des cas, ne permettent pas d’aboutir rapidement à une acquisition. Des retards en matière de « corporate governance » subsistent ainsi que des différences notables en matière de pratiques comptables, de pratiques fiscales et d’application des droits de propriété intellectuelle. Les lenteurs pour obtenir des garanties de passif efficaces incitent les entreprises étrangères à préférer la solution plus simple de créer une nouvelle entité permettant aux partenaires chinois de gérer les risques inhérents à la gestion passée tout en ne reprenant qu’une partie de l’activité sous forme d’apports ou d’acquisition d’actifs».

Un environnement encore instable avec des zones de risques à surmonter.

La croissance effrénée du marché intérieur et les pressions intenses exercées sur les prix en résultant sont considérées par 81% des entreprises chinoises interviewées comme étant de réelles menaces pour la bonne marche de leurs affaires. Les problèmes liés à l’informatique et à la logistique sont cités par 34% des répondants et le comportement dénué d’éthique des dirigeants d’entreprise et de leurs collaborateurs par 23%. D’autres problèmes sont également identifiés, notamment l’intervention du gouvernement dans le système bancaire et la pénurie de fonds de roulement.

Virginie Deslandres ajoute : « Au-delà des problèmes évoqués, la pénurie de cadres aguerris aux méthodes internationales de management rend difficile le recrutement et a pour conséquence de créer un turnover important accompagné d’une augmentation très significative des coûts salariaux de cette catégorie de personnel qualifié. Nous constatons également que les entreprises étrangères ont souvent beaucoup de difficultés à mettre en place des règles de « corporate governance » strictes afin de modifier les pratiques commerciales existantes. »

En matière de réforme économique, la Chine a adopté une approche progressive. Pour se consolider, le pays doit asseoir une forme de pérennité et encourager l’innovation. Les acquisitions actuellement réalisées en Chine par des investisseurs tant locaux qu’étrangers pourraient bien annoncer une nouvelle phase essentielle de ce processus de maturation. A tout le moins, elles permettront d’injecter de nouveaux capitaux et de nouvelles compétences qui devraient aider les entreprises locales à rattraper leur retard et favoriser la poursuite de la réforme de l’économie chinoise.

A propos de Norton Rose :

Norton Rose est un cabinet d’avocats international implanté en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Le cabinet compte 2000 professionnels dans le monde, avec plus de 1000 avocats et au-delà de 200 associés. En France, 120 personnes dont 80 avocats et 18 associés composent à ce jour le bureau parisien.

Organisés localement et globalement par pôles de compétences juridiques et par expertises sectorielles, les avocats de Norton Rose ont une réelle capacité d’intervention multinationale et offrent à leurs clients une connaissance approfondie de leur secteur d’activité. Cette structure permet à Norton Rose d’accompagner les institutions gouvernementales, les entreprises publiques et privées, les banques et autres institutions financières tout au long de leurs projets, qu’ils soient locaux ou transfrontaliers.

A propos de Norton Rose en Chine :

En Chine, Norton Rose est implanté à Pékin, Shanghai et Hong Kong. L’équipe est composée d’une cinquantaine d’avocats et juristes de nationalité chinoise et étrangère. Elle est dirigée par Virginie Deslandres et Jean-Marc Deschandol, associés et avocats au Barreau de Paris. Ils ont chacun près de 20 ans d’expérience en Chine et en Asie dans le montage d’opérations complexes et le règlement de différends commerciaux, principalement par l’arbitrage. Leurs connaissances du marché, de l’environnement juridique et des aspects pratiques d’une opération réussie en font des spécialistes incontournables sur les questions juridiques liées à la Chine.

Nos équipes chinoises ont conseillé bon nombre de grands groupes internationaux et ont une connaissance approfondie et pratique des questions réglementaires chinoises en matière de fusions-acquisitions. Nous proposons des solutions sur mesure, innovantes et rigoureuses pour répondre aux besoins de nos clients.

Une information plus détaillée sur l’équipe internationale de Norton Rose est disponible sur le site Internet du cabinet www.nortonrose.com

Source : www.investvalley.com


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