Du plastique dans le réservoir

Le plastique, carburant de demain ? Un chimiste a mené à bien une expérience, avec l’aide du Certech.

Lorsqu’à la fin du film Retour vers le Futur, le scientifique ouvre le réservoir de son véhicule temporel et y vide le contenu d’une poubelle, on se demande si la réalité dépassera un jour la fiction. A ce jour, la machine à remonter le temps reste une utopie. Le carburant à base de déchets plastiques, lui, a trouvé son inventeur.

Voilà quinze ans que Marcello Fieni, un chimiste tournaisien d’origine carolorégienne, gravite dans l’univers des déchets. Il connaît tout de leur composition, de leurs possibilités de destruction, de tri, de recyclage et de valorisation. Sans travail depuis l’arrêt de son usine de mélanges de détergents, au milieu des années 90, cet autodidacte bouquine, théorise, calcule.

La hausse des prix pétroliers, en 2004, lui donne une idée. Pourquoi ne valoriserait-il pas les déchets plastiques ? « En 1998, on trouvait entre 8 et 12 % de plastiques dans les poubelles belges, observe-t-il. Sans compter les déchets industriels banals. Sachant que la base du polymère est un monomère pétrolier, je me suis interrogé sur la manière de casser la chaîne moléculaire du plastique pour obtenir du pétrole. Après des mois de recherches, je suis arrivé à une formule. A mes yeux, cela ne pouvait être que cela. »

La formule était réalisable. Mais Marcello Fieni n’a pas les moyens de la tester. Il se met en quête d’un laboratoire. Après de vaines recherches auprès des universités ou de centres, il trouvera écho auprès du Centre de ressources technologiques en chimie (Certech), à Seneffe, et du Pr François Collignon. L’excitation de la découverte gagne les deux hommes. En un jour, les tests sont terminés, probants, incroyables : la formule de Marcello Fieni permet d’obtenir, avec 100 g de masse plastique, 120 ml d’un carburant léger (diesel et essence) environnementalement correct. Le Certech met son ingénieur chimiste gratuitement à disposition de l’inventeur pendant un an. Aujourd’hui, un brevet est déposé, un dossier est introduit pour la confection d’un prototype. Et Marcello Fieni réfléchit à une application semblable pour les pneus usagés. Tout cela dans un futur… proche !

Auteur : FABRIZIO SCHIAVETTO

Source : www.lesoir.be