Wang Xuan, l’inventeur du système typographique laser des caractères chinois


Membre de l’Académie des Sciences de Chine, Wang Xuan, l’inventeur du système de traitement phototypographique laser des caractères chinois vient de décéder des suites de maladie. Le président chinois Hu Jintao a récemment rendu hommage à cet homme qui a révolutionné l’imprimerie chinoise. Dans notre émission « Sciences et Éducation » de cette semaine, nous allons vous faire mieux connaître Wang Xuan.

Wang Xuan est né en 1936 dans une famille d’intellectuels à Shanghai. Dès son enfance, il manifeste un intérêt particulier pour les mathématiques. A 18 ans, Wang Xuan se présente aux examens d’admission dans trois universités. Il est reçu avec de bons résultats au département de mathématiques de l’université de Beijing, Beida, l’un des établissements les plus prestigieux de Chine. Lors de sa deuxième année d’études, Wang Xuan se spécialise en mathématiques informatiques, une matière encore peu connue à l’époque. Mais pour lui, c’est une matière porteuse qui permet de laisser libre-cours à la création. Il est persuadé que dans les années à venir, l’informatique jouera un rôle inestimable dans le développement économique et social de l’humanité. Une fois diplômé, Wang Xuan fait de la recherche et de l’enseignement, toujours à Beida. Il devient alors l’un des grands pontes dans ce domaine.

Wang_Xuan

Wang Xuan

Liu Qiuyun a travaillé pendant longtemps avec Wang Xuan. Pour lui, la plupart des intellectuels formés juste après la fondation de la Chine nouvelle, dans les années 1950, ont en charge le développement futur du pays. Ils ont mis leurs compétences et leur intelligence au service du pays. Pour Liu Qiuyun, Wang Xuan s’inscrit dans cet esprit. On l’écoute : « Wang Xuan a toujours pensé que les réalisations scientifiques ne doivent pas rester à l’état de théories. Il a toujours cherché à les mettre en pratique pour favoriser le bien-être de la société, en faire une force productive sociale efficace, et faire avancer la société. »

Dans les années 1970, Wang Xuan place le traitement informatique des caractères chinois au cœur de ses recherches. A cette époque, comme d’autres pays du monde, la Chine utilise, les caractères typographiques dans l’imprimerie. Mais il estime que cette méthode manuelle demande une trop grande quantité de travail, qu’elle n’est pas assez efficace et qu’elle est trop polluante. Il veut donc changer les choses. Il sait qu’à l’étranger, on commence déjà à faire de la recherche sur un système de composition typographique informatisé. Évidemment, l’écriture phonétique est plus facile à retranscrire en langage informatique que les caractères chinois basés sur des pictogrammes.

Mais malgré l’incrédulité générale, Wang Xuan persiste dans ses recherches. On l’écoute : « J’ai proposé de retranscrire les caractères chinois en utilisant des formules mathématiques. Mais on disait que ce projet était irréaliste. On se moquait de moi. On disait que je m’amusais avec les mathématiques pour mieux tromper les gens. Et malgré ça, j’ai quand même persisté. »

Wang Xuan présente donc un projet complètement basé sur des formules mathématiques. A l’époque, le Japon et d’autres pays développés font des recherches sur des techniques analogues. Wang Xuan propose d’en faire autant avec les caractères chinois. Mais de nombreux collègues le traitent de fantaisiste.

Il retranscrit alors chaque caractère chinois en points puis les balaye au laser. Mais comme le nombre de mots chinois les plus utilisés est de 20.000, le nombre de points nécessaires peut dépasser plusieurs centaines de milliards. Un vrai casse-tête pour les chercheurs de l’époque.

Pour résoudre ce problème, Wang Xuan fait travailler jour et nuit son équipe de jeunes collaborateurs. Il finit par concevoir et fabriquer un nouveau système de traitement d’informations qui permet de multiplier par cent l’efficacité du travail. Il met ensuite au point des circuits électroniques phototypographiques et d’autres installations de haute technologie. Enfin, en 1979, le premier échantillon du système de traitement typographique laser des caractères chinois passe sa première phase d’essai. Et six ans plus tard, en 1985, l’agence de presse chinoise Xinghua utilise officiellement l’invention de Wang Xuan.

Les pays occidentaux ont mis 40 ans pour passer de l’imprimerie de la 1ere génération au système de traitement typographique laser des caractères chinois de la 4e génération. Il n’aura fallu que 18 ans à Wang Xuan pour rattraper le retard de l’imprimerie de la Chine et en faire l’une des plus avancées du monde, et décupler l’efficacité de la typographie des caractères chinois.

Mais Wang Xuan n’est pas encore totalement satisfait. A son initiative, Beida crée la société « Founder » pour améliorer les fonctions de son invention. A partir de 1988, le système de traitement phototypographique laser des caractères chinois de « Founder » est lancé sur le marché. Extrêmement puissant, il n’a coûté qu’un cinquième du prix de production des produits similaires importés. Quatre ans plus tard, l’invention de Wang Xuan occupe 99 % du marché chinois et 80% du marché étranger.

Ce système d’imprimerie a été d’ailleurs récompensé par le Prix d’excellence des inventions des brevets de Chine de l’ONUSCO, par le Prix scientifique et technique d’État, la plus haute distinction scientifique du pays.

Pour Wang Xuan, les progrès de la science et des technologies reposent sur trois facteurs. On l’écoute :  « Je pense que la réussite dépend de la perspicacité, de la passion pour la science, et de l’esprit d’équipe. Ce sont des facteurs très importants. La perspicacité reste la qualité la plus importante pour un scientifique. »

Wang Xuan a également formé un grand nombre de scientifiques talentueux. Plusieurs de ses étudiants et de jeunes membres du groupe « Founder » sont aujourd’hui les éléments moteurs de l’informatique chinoise. Comme Tang Zhi, chercheur à l’Institut de Recherche informatique de l’Université de Beijing. Il avoue avoir beaucoup appris auprès de Wang Xuan. Tang Zhi :  « Le professeur Wang a été notre modèle dans tous les domaines. Il a exercé une grande influence sur ma vie. J’ai beaucoup appris de lui. Il m’a non seulement montré comment faire de la recherche mais aussi comment me conduire. »

En dehors de son travail, Wang Xuan aime beaucoup l’Opéra de Pékin qu’il pratique en amateur. Pour lui, les célèbres acteurs d’opéra de Pékin ont un tel talent pour la création qu’il perdure au fil du temps. Un peu comme les chercheurs scientifiques. S’ils disparaissent, leurs inventions, elles, restent.

Source : fr.chinabroadcast.cn


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