Bob Metcalfe, inventeur d’Ethernet, devient PDG de GreenFuel Technologies. Créée au sein du MIT en 2004, cette jeune pousse tente de convertir les émissions de CO2 en biocarburant grâce à des algues. Un procédé prometteur, encore difficile à mettre en œuvre.
L’industrie high-tech se recycle dans les énergies renouvelables. Alors que les start-up de la Silicon Valley lorgnent avec insistance les nouveaux débouchés de la « green tech », une sommité du secteur, le fondateur du protocole Ethernet et de 3Com, Robert Metcalfe, vient de prendre la tête d’une jeune société spécialisée dans les biocarburants. Créée en 2004 au sein du Massachusetts Institute of Technology, financée à hauteur de 20 millions de dollars, GreenFuel Technologies tente de recycler les émissions de CO2 en biodiesel. L’astuce ? L’utilisation de micro-algues, dotées d’une forte concentration d’huiles.

Pour se développer et atteindre un rendement optimal, ces variétés d’algues ont la bonne idée de se nourrir de CO2. GreenFuel Technologies les couple donc à des centrales thermiques, qui rejettent du dioxyde de carbone en abondance, dans de surprenants bio-réacteurs. Lorsqu’elles sont ensoleillées, les micro-algues parviennent à recycler plus de 80% du CO2 par photosynthèse, et environ 50% en cas de moindre luminosité. Une fois séchées, elles sont récupérées pour obtenir de l’éthanol, du méthanol, du biodiesel ou des protéines végétales. De quoi enclencher un nouveau cycle de consommation, ce que regrettent les partisans de solutions plus radicales d’économies d’énergie.
Cependant, et contrairement aux biocarburants produits grâce à des productions de colza ou de betteraves, ce procédé ne nécessite pas de surfaces de culture démesurées qui précipiteraient la déforestation. Les algues utilisées n’ont pas non plus d’utilisations alimentaires et sont faciles à cultiver, à moindre coût. De plus, elles contiennent proportionnellement plus d’huiles que les autres biocarburants. Un hectare d’algues produirait ainsi de 30 à 120 fois plus d’huile qu’un hectare de colza ou de tournesol, promet GreenFuel. Jusqu’alors, les chercheurs estimaient qu’il fallait cultiver plus que la surface agricole utile française pour alimenter toutes les voitures du pays.
La technique a cependant ses limites. Et GreenFuel Technologies est bien placé pour le savoir. Son seul bio-réacteur, adossé à une centrale de 1000 mégawatts en Arizona, connaît des ratés, les algues se reproduisant en trop grande quantité. Président par intérim, Bob Metcalfe devra licencier la moitié des 50 collaborateurs et rééchelonner les projets, en raison, cette fois, de coûts plus élevés que prévus. Et c’est justement l’une des principales critiques adressée aux biocarburants par micro-algues. Faute de production de masse, le procédé coûte encore cher à mettre en œuvre, puisque le prix du baril « bio » peut dépasser les 100 dollars. Bref, les algues ne replaceront pas le pétrole de sitôt.
Toutefois, la production de bio-carburant par les micro-algues figure bien parmi les technologies de production verte les plus prometteuses. GreenFuel, qui accumule les récompenses, était présent fin juin en France lors du « World Investment Conference » pour vendre son expertise. La jeune pousse tablait récemment sur un chiffre d’affaires de 100 millions de dollars en 2012. L’américain compte aussi quelques concurrents ambitieux, notamment Algatech, en Israël et Shamash en France. Lancé l’an dernier, ce projet chapeauté par l’INRIA réunit huit équipes et entreprises françaises pour un budget total de 2,8 millions d’euros, sur trois ans.
Pour en savoir plus sur les micro-algues :
– Biodiesel et micro-algues, par Spectro Sciences
– Un carburant à base d’huile d’algue (pdf), Biofutur
Auteur : Benjamin Ferran
Source : www.lexpansion.com
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