L’Italie est le premier producteur de faux en Europe


Les perceuses électriques Bosch « made in Hongkong » qui envahissaient l’Allemagne depuis des années passaient par le port de Naples. A quelques kilomètres de là, sur les pentes du Vésuve, des vestes de faux cuir, avec la griffe de couturiers parisiens, sortaient à un rythme industriel de dizaines d’ateliers clandestins. Ces deux activités, récemment découvertes par la police, étaient gérées par un même clan de la Camorra, la mafia napolitaine.

Par les aveux de « collaborateurs de justice », les enquêteurs ont eu confirmation que faux outils et blousons contrefaits rapportaient à cette « famille » plus d’argent que le trafic de drogue. Le groupe mafieux diffusait ses faux cuirs dans le monde entier, du Brésil aux États-Unis.

Dans son best-seller Gomorra (Gallimard, 2007, 362 p., 21 euros), l’écrivain napolitain Roberto Saviano raconte l’histoire de cet ouvrier tailleur découvrant par hasard à la télévision que la robe portée par l’actrice Angelina Jolie à la soirée des Oscars est celle qu’il a fabriquée de ses mains dans un atelier d’Arzano, près de Caserte, où on le paie 600 euros par mois pour former des clandestins chinois à la haute couture.

L’Italie est le premier pays producteur de faux en Europe. La région Campanie est en pointe pour le textile. Le port de Naples est aussi le principal point d’entrée des produits venant d’Extrême-Orient.

Selon la direction nationale antimafia (DNA), la Camorra et les mafias chinoises ont noué de longue date des liens solides. La contrefaçon représente en Italie un chiffre d’affaires total d’environ 7 milliards d’euros, dont la moitié est réalisée dans le secteur de l’habillement et des accessoires.

Du fait de sa situation géographique et de la longueur de ses frontières, c’est l’un des pays les plus exposés au fléau : les douanes italiennes ont saisi plus de 18 millions de produits contrefaits en 2006.

Cependant, les autorités se voient souvent reprocher leur laxisme dans la lutte contre la contrefaçon, car le barème des sanctions reste peu dissuasif. Le dernier rapport du haut représentant du commerce américain a placé l’Italie parmi les mauvais élèves, entre la Biélorussie et Taïwan.

Fin octobre, l’ambassadeur américain en Italie, Ronald Spogli, a critiqué devant le ministre italien des affaires étrangères, Massimo D’Alema, la faible protection de la propriété intellectuelle. Pour lui, c’est la principale explication à la faiblesse des investissements américains dans la Péninsule : 29 milliards de dollars en 2006 (19,8 milliards d’euros), contre 65 milliards de dollars en France et 99 milliards en Allemagne.

Auteur : J.-J. B.

Source : www.lemonde.fr


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