La Commission envisage de mettre en ligne gratuitement les articles issus de certains projets européens.
Les scientifiques qui travailleront sur un projet financé dans le cadre du 7e PCRD (2007-2013) devront désormais lire soigneusement leur contrat. Une clause va en effet spécifier qu’un article scientifique écrit dans le cadre d’un projet européen devra être librement accessible sur Internet, après une période d’embargo de six à douze mois selon les secteurs. Avec ce projet pilote, l’objectif est d’améliorer la compétitivité de la recherche. « En outre, il s’agit pour le public d’un juste retour de la recherche financée par des fonds publics », insiste la Commission.
Cette dernière commence toutefois prudemment en se limitant pour l’instant aux secteurs de l’énergie, de la santé, de l’environnement, des sciences sociales et des technologies de l’information et de la communication (TIC). Seuls les nouveaux projets étant concernés, le projet pilote devrait porter sur environ 20 % des 50 milliards d’euros du budget du 7e PCRD, estime-t-on à la Commission. « Aucune institution publique dans le monde ne pratique cette ouverture à une telle échelle », s’enthousiasme Martin Selmayr, le porte-parole de Viviane Reding, la commissaire à la Société de l’information et aux Médias. Car le sujet est sensible, et le lobby des éditeurs scientifiques, puissant. Sans parler des États, qui sont loin d’être tous favorables à une telle ouverture.
Archives ouvertes
Certains scientifiques, à l’image de Franck Laloë, physicien et directeur de recherche émérite au laboratoire Kastler Brossel, qui dépend du CNRS et de l’École normale supérieure, trouvent cette avancée encore trop timide. Lui milite pour une ouverture plus rapide et radicale, sur le modèle de ce qui se pratique aux États-Unis avec la base ArXiv. Développée suivant le concept d’archives ouvertes (imaginé par le physicien américain Paul Ginsparg), elle met en ligne gratuitement tous les articles scientifiques dès leur publication.
Franck Laloë a travaillé à la création d’un équivalent français, baptisé « Hal », et qui regroupe, sous l’égide du CNRS, quelque 100.000 articles mis en ligne par leurs auteurs. « Sur quelque 80.000 articles publiés par la communauté scientifique en France, nous en récupérons environ 20.000 nouveaux par an. Ce n’est pas si mal, juge Franck Laloë. Avec quinze années d’expérience d’ArXiv, on voit très bien que les deux modes de publication, revues scientifiques avec comités de lecture et archives ne s’excluent pas. »
Qui va payer ?
D’autres pensent que l’on met le doigt dans un dangereux engrenage. « Une publication coûte cher, notamment à cause des frais liés à la composition. Le concept d’archives ouvertes n’annule pas le coût, mais se contente de le déplacer », affirme Francis Albarede, professeur de géochimie à l’ENS Lyon et président du comité éditorial de l’American Geophysical Union. Il se demander qui paiera cette mise en ligne des articles scientifiques au niveau européen.
En parallèle de ce projet pilote, la Commission prépare d’ailleurs un appel d’offres pour créer un portail unique. Celui-ci devrait être lancé à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine. « Nous voulons donner accès, via un seul portail, à toutes les bases publiant les articles scientifiques issus des recherches financées par l’Europe », précise Martin Selmayr. Un projet bien long aux yeux de Franck Laloë : « On va dépenser beaucoup d’argent pour arriver à des résultats qu’ArXiv et Hal font depuis longtemps. »
Auteur : F. N.
Source : www.lesechos.fr
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