Quand Mège-Mouries faisait son beurre de la margarine


Ayez une pensée émue pour Hippolyte Mège-Mouriès en tartinant votre biscotte matinale. Ce Dracénois un peu oublié n’est autre que le digne découvreur de la margarine, au XIXe siècle !

Le petit Hippolyte a vu le jour à Draguignan le 24 octobre 1817, fils de Jean, Joseph-Emmanuel Mège, instituteur et de Marie, Marguerite Mouriès.

Après avoir fait ses classes jusqu’à 16 ans au collège de Draguignan, il entre en apprentissage chez le pharmacien Blanc, au numéro 7 de la place aux Herbes. Il poursuivra son apprentissage à Aix, puis à Paris, dans l’officine de M. Jourdain… dont on ignore s’il savait qu’il faisait de la prose sans le savoir !

On le retrouvera quelques années plus tard en stage de pharmacie à l’Hôtel-Dieu, avant d’être reçu à l’unanimité membre de la Société d’émulation pour les sciences pharmaceutiques.

Ses recherches le porteront d’abord à s’intéresser aux maladies de la vigne et le 2 septembre 1848, il dépose un brevet d’invention concernant « un procédé d’extraction et de raffinage du sucre contenu dans la canne, la betterave ou autres plantes… »

C’est toutefois en 1852 que ce brave Hippolyte fait sa première découverte importante, sur le rôle du phosphate de chaux dans l’alimentation humaine.

Le terme de diététique n’était pas encore inventé, mais Mège-Mouriès venait d’en jeter les premières bases.

Napoléon III et l’oléo-margarine

Ses recherches le conduisirent à constater que les habitudes de la civilisation altèrent des conditions naturelles de l’homme et toute sa carrière tournera autour de cette problématique. C’est lui qui, en 1853, découvre l’importance de l’action digestive d’une amylase (enzyme digestive) : la diastogène.

Après des travaux sur la panification où il obtenait un pain blanc irréprochable avec toute la substance assimilable du froment, c’est en 1858 que notre inventeur se voyait décerner la grande médaille d’or de la société d’agriculture, puis, trois ans plus tard, c’est l’empereur Napoléon III qui le récompensait en lui remettant de ses propres mains, au cours d’une audience aux Tuileries, la Croix de chevalier de la Légion d’honneur.

Du pain blanc au beurre, il n’y avait qu’un pas à franchir. Ce que fit H.M.M. en répondant par voie de concours en 1869 au problème posé par Napoléon III : « Découvrir un produit propre à remplacer le beurre ordinaire pour la marine et les classes peu aisées. »

Hippolyte releva le défi avec brio au sein de la ferme expérimentale de Vincennes et en 1869, il dépose, non sans une légitime fierté, le brevet de ce qu’il baptise l’oléo-margarine. Alléluia !

Il s’était, en effet, rendu compte que le lait des vaches mises à la diète (pauvres bêtes !) contenait toujours des matières grasses. Ces matières grasses ne pouvaient que provenir de la graisse animale, la bête puisant dans ses réserves.

La graisse, ainsi résorbée, se transformait pour devenir, devinez quoi… l’oléo-margarine ! Il parvint à reproduire le phénomène en se servant de graisse de vache, puis de boeuf, pour obtenir un aliment sain et naturel. Il baptisera finalement cette substance margarine.

Quand on mangeait les animaux, du jardin des Plantes

La guerre de 1870 et les difficultés de ravitaillement estompèrent l’essor de cette géniale découverte. Paris est assiégé, on dévore les bêtes du jardin des Plantes. La fabrication de la « margarine Mouriès » ne peut se faire.

Il faudra attendre 1872 pour voir la commercialisation du produit, que son découvreur améliore encore en le barattant avec du lait additionné de beurre.

Sa découverte sera, dès lors, exploitée en France et à l’étranger.

Il finira ses jours en 1880, alors qu’il travaille à laisser intact au sel marin les principes vivifiants de l’eau de mer. Mège-Mouriès le considérait comme « un condiment insuffisant pour une bonne alimentation », Les diététiciens contemporains, qui ignorent parfois qui était Hippolyte Mège-Mouriès, sont bien de cet avis.

Alors, en tartinant votre margarine préférée, n’oubliez pas ce savant dracénois trop vite oublié.

Merci à Charly Clairici pour ses recherches historiques

Auteur : J.- M. D.

Source : www.varmatin.com


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