Sa machine à dessaler l’eau de mer devrait être bientôt commercialisée. Un procédé révolutionnaire, mûrit depuis 14 ans, dans la lignée des multiples inventions de ce génial touche-à-tout.
« Il faut être un peu fêlé et monomaniaque ». Un autoportrait d’inventeur signé Jean-Paul Domen. A 55 ans, ce résidant de Vauchrétien, arrivé en Anjou depuis 11 ans, n’a pas fini d’inventer. Son « bébé », une machine à dessaler l’eau de mer, est en passe d’être commercialisé d’ici un mois.
Le principe se résume en une expérience. « Tremper un morceau d’essuie-tout dans de l’eau tiède salée. Rapprochez-le à 5 mm d’une fenêtre. Et observez la buée. » Notre colosse d’1,90 m se défend de n’avoir fait que reproduire le cycle de l’eau à petite échelle. « Un cours de CM1. » Évidemment, le procédé mis au point, via une machine en plastique et en floc de coton, s’avère plus complexe. Depuis novembre, Jean-Paul peaufine le 12e prototype. Celui destiné à la commercialisation. « J’espère que nous en aurons vendu une dizaine d’ici la fin de l’année. »
Alors, la principale qualité ? La patience ? « Pas vraiment. La persévérance, plutôt. » Mais pour viser loin. La volonté, simple au premier abord, revêt des aspirations philanthropiques. Pour un enjeu mondial : l’eau. Car l’idée est née d’un article sur la future pénurie au XXIe siècle. Dans l’espoir, entre autres, d’une utilisation dans les déserts, comme pour les « puits saumâtres du Sahara ».
Quatorze ans de sueur
Le mécanisme, de près de 3 m de hauteur, devrait permettre de récupérer 1 m3 d’eau douce par jour, soit « environ 500 litres ». Le but est de permettre une application familiale, « rustique et à coût réduit ». Ne lui parlez pas électronique et informatique : « Je reste dans la mécanique du XIXe siècle », s’amuse l’ingénieur en aéronautique de formation.
« Mais je n’aurais rien pu faire sans les autres ». Au premier rang desquels, sa femme, Viviane. « Grâce à son travail, on a pu vivre à l’abri du besoin. » Sur la même marche, Guy Pichot, 83 ans, appelé affectueusement « papy ». « Je suis maladroit de mes mains, lui savait faire ». Le « couple » a fêté ses 14 ans de travail sur machine. « Dire qu’au début, je ne comptais qu’en passer six mois ».
Nos duettistes, rencontrés en région parisienne, ont sué. Essuyant parfois les plâtres. « Le vieux et le grand, ricane Papy. Plusieurs fois, on nous a pris pour des c… (sic). » Son complice de tempérer : « L’important, c’est que des personnes ont cru en nous et ne nous ont pas lâchés. » Une confiance signée 3 MW, comme Third millenium world. Une start-up créée en 1999, regroupant neuf personnes.
Pour une ambition. « Une bonne invention est celle qui reste dans le temps. » De citer, la roue. Songeur : « Cela confère à l’inventeur une certaine immortalité. » Mais la gloire, pas trop pour lui. « À partir du moment où cela se concrétisera, il me faudra passer à autre chose qui ne marche pas, résoudre les problèmes, etc. » Et des projets, il en recèle encore. Un mode de vie, adopté depuis près de 25 ans, avec son lot de risques (lire ci-contre).
Auteur : Pierrick HAMON, d’Ouest-France
Source : www.cholet.maville.com
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