Une solution pour garantir d’avantage d’innovations ?
Le débat entre 2 grandes institutions, la fondation Kauffman et l’association des responsables de transfert de transfert universitaire, l’AUTM, se poursuit. Il porte sur l’évolution que devrait subir l’activité de transfert de technologies aux États-Unis, actuellement régie par le « Bayh-Dole Act ».
Pour mémoire, la fondation Kauffman, sur les propositions de Lesa Mitchell and Robert Litan, s’était prononcée pour la remise en cause du régime d’exclusivité des universités dans la gestion de la propriété intellectuelle liées à de la production de connaissances réalisées par des chercheurs recevant des fonds fédéraux. La Fondation proposait d’avoir recours à des « free agents », c’est-à-dire des personnes extérieures indépendantes qui seraient chargées de négocier les accords de licences. L’argument utilisé était, entre autres, que ces opérateurs indépendants permettraient de désengorger les centres de transfert de technologies universitaires et ainsi de favoriser une mise sur le marché plus rapide des innovations.
L’AUTM (Association of University Technology Managers) ne voit naturellement pas la question du même oeil. Et elle n’est pas la seule. L’AAU, l’association des universités américaines, se positionne résolument du côté de l’AUTM. Récemment, elle a publié un mémorandum adressé à M. Kohlenberger, chef des OSTP (« Office of Science and Technology Policy ») et à Diana Farell, directrice adjointe du Conseil économique de l’Administration Obama.
La valorisation est décidément un thème récurrent dans la littérature du moment. C’est ce qui a conduit certains centres de transfert de technologies comme ceux de l’université de Washington (UWC4C) en janvier dernier, de l’université de l’Utah, de Cornell ou du Kansas, à changer de nom pour adopter celui de centre de valorisation, soit « commercialization » en anglais.
C’est pour renforcer le soutien à la commercialisation des innovations que Krisztina « Z » Holly, vice-président chargée de l’innovation à l’Université de Californie du Sud, a présenté un livre blanc en 2009. Portant sur la valorisation de la recherche universitaire, il a été rédigé à l’instigation de l’OSTP. Ce livre blanc de 2009 suggère d’accélérer les processus de valorisation des technologies. Ceci pour permettre d’une part d’améliorer la transformation des innovations les plus prometteuses en nouveaux produits, services et jeunes entreprises technologiques. Et d’autre part de favoriser le développement d’écosystèmes innovants dans les régions d’implantation des universités. Cette initiative utiliserait ainsi un faible montant des fonds fédéraux destinés à accélérer et à rendre accessible l’énorme potentiel d’innovation résultant de la recherche universitaire.
Appelée IMPACT (« Innovation Model Program for Accelerating the Commercialization of Technologies »), Krisztina Holly réitère son initiative et la développe dans un récent article publié dans « Science Progress ». Le texte propose d’utiliser un budget de 20 millions de dollars, provenant des fonds fédéraux destinés à la recherche, pour mettre en place des zones d’expérimentations en vue de créer un ou plusieurs modèles servant à accélérer l’innovation dans les universités. L’idée est de démontrer l’efficacité du concept et d’orienter sa mise en œuvre à plus grande échelle. L’argument avancé est de pallier les différents manques des centres de transfert universitaires qui, au final, affectent les chercheurs : financement, expertise commerciale, capital humain, accompagnement et soutien aux entrepreneurs.
Cette initiative propose donc de sélectionner dix sites d’expérimentation avec le concours d’un comité indépendant représentatif des écosystèmes innovants. Deux millions de dollars par an et par université, pendant une durée de cinq ans, seraient nécessaires.
Les composants du programme présentés dans le livre blanc serviraient à compléter les initiatives locales en cours. Ce programme comprend :
1. La preuve de concept financée avec la gestion de projets appropriée
2. L’engagement communautaire, le réseautage
3. La prise en charge de la stratégie commerciale et du mentorat
4. Les ressources éducatives
5. Les relations avec les médias et la présentation des projets
6. La Mesure et évaluation des résultats
L’auteure cite en exemple le centre Despandhe du MIT dont elle est l’une des fondatrices, le centre le Georgia Tech’s VentureLab et l’institut d’innovation Stevens de Université de Californie du sud. Ce sont des centres de preuve de concept qui aident les startups dans la phase précoce et critique de leur développement.
Les propositions de Krisztina Holly vont-elles voir le jour ? Compte tenu des lenteurs fédérales rien n’est moins sûr. Dans tous les cas une certitude : après 20 ans de bons et loyaux services, le « Bayh-Dole Act » atteint ses limites et, de l’avis de tous, réclame un aggiornamento. Mais lequel ?
Source : www.bulletins-electroniques.com
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