À 70 ans, Jean Potier a gardé son esprit inventif

Portrait

Pendant plusieurs jours, les clients du bar Chez Guy Renouard ont été intrigués par une drôle de machine. Les méninges ont chauffé dur : « C’est un piège à taupe ? Un gratte-dos pour blaireau ? Un aérateur de chaussures ? »

De quoi faire sourire Jean Potier, l’inventeur de ce casse-tête à la fonction bien précise, créé en 1964 : « J’ai appelé ça un hérisson. Il permettait de piquer mécaniquement les saucisses au lieu de le faire manuellement. Un avantage quand on avait, à l’époque, jusqu’à 100 m de saucisse à piquer », se souvient le charcutier de toujours.

Jean Potier

De Plaintel à Plaintel, en passant par Jersey

Son invention, également appelée « la terreur des saucisses », il l’a conçue à Jersey, où il a vécu 7 années. Avant de reprendre un périple démarré à 15 ans, comme apprenti aux Salaisons du Gouët, à Plaintel. Il a exercé son métier dans un vaste secteur : Loudéac, Saint-Brandan, Ploeuc, Lanfains, avec un dernier poste aux Salaisons du Gouët, histoire de boucler la boucle.

Sans avoir oublié d’inventer après son retour en France « la machine à désosser le jambon ». Une invention arrivée un peu trop tard : « Avec mon système utilisant une fourche à vélo, on pouvait intervenir sans ouvrir le jambon. Quand ils ont décidé de l’ouvrir pour le désosser, mon invention ne servait plus à rien. » Elle a quand même été déclarée (pas brevetée) le 4 avril 1970. Pas mal pour un gars qui avait quitté l’école à 14 ans, certificat d’études en poche et sens pratique en tête depuis longtemps.

L’électricité chez ses parents, c’est lui

Au début des années 50, dans la maison familiale d’alors, à Béchepée, au Foeil, il n’y a pas encore l’électricité. Qu’à cela ne tienne ! Du haut de ses 12-13 ans, Jean se lance dans la production (modeste) de courant : « En installant une éolienne dans le jardin, j’ai pu éclairer le grenier et le cellier, alors que dans la cuisine, on se servait toujours de la lampe à pétrole. » Un gars ingénieux qui a même imaginé « un système pour supprimer les hélices sur les bateaux grâce à la force centrifuge ». Mais là, à 70 ans, Jean doit bien reconnaître que ce n’est pas tout à fait au point.

Source : www.ouest-france.fr