L’élection présidentielle et les PME : le mirage des faux espoirs


L’élection présidentielle approchant, les candidats les uns après les autres font preuve d’une imagination sans frontières pour nous faire croire qu’ils vont résoudre le problème de la compétitivité des entreprises, notamment des PME.

A droite comme à gauche.

Or, il est étonnant de voir qu’en la matière, le faux culisme le plus total est une monnaie assez courante.

Il serait bien qu’on arrête de nous bassiner avec les crédits et les fonds de recherche : il y a un grand nombre de petites et moyennes PME qui s’en tapent comme de l’an 40 des crédits de recherche. Il y a un tas de PME qu’ils ont du mal à essayer de faire leur métier de base et qu’ils n’ont pas besoin d’aller chercher des leviers d’innovation là où il n’y en a pas besoin.

Quand on sait bien faire son métier on n’a pas besoin de s’inventer des nouveaux marchés, simplement pour pouvoir bénéficier d’un crédit d’impôt.

Une entreprise de maçonnerie n’a pas besoin d’un crédit d’impôt recherche pour inventer la nouvelle truelle qui vous fait mélanger le béton tout en assurant la peau douce au maçon qui la manie.

Il faut arrêter de parler des PME sans en connaître le fonctionnement.

Et il faut arrêter de nous parler d’innovation.

Les agriculteurs, les pêcheurs, les maçons, les plombiers, les peintres, ils s’en tapent de l’innovation.

Ce qu’ils veulent c’est de pouvoir bosser dans des conditions normales de concurrence sur les marchés qui sont propres à leur secteur.

Pourquoi l’État se scandalise devant l’appel d’offre qu’Air France fait pour acheter des avions, avec la possibilité de passer une commande chez Boeing ?

Pourquoi ce même État, via ses collectivités locales et ses Mairies ne s’offusque pas du fait que les éléments d’aménagement urbain d’une quelconque ville de France sont achetés par ces mêmes Mairies en Chine ou en Tchéquie ?

N’y a-t-il pas en France des entreprises pour fabriquer des bancs pour s’asseoir, ou du carrelage pour le parvis devant les cinémas ? Faut-il aller à Canton ou à Prague ?

L’État est le premier à ne pas donner le bon exemple et à se scandaliser des fermetures d’usine.

L’État est le premier coupable.

Que je sache « Subaru » n’est pas une marque française ; alors pourquoi l’administration, avec la Police Nationale, a-t-elle des voitures qui ne sont pas une Peugeot ou une Renault ?

Il y a des discours creux des candidats à la présidence qui nous parlent de «small business act» ou de crédit d’impôt recherche : la gauche – je ne citerai pas de noms… – nous dit «qu’elle veut réconcilier le pays avec les entreprises parce que nous n’avons pas un discours démagogique».

Ah bon ?

Au contraire, c’est de la démagogie pure, simple et inefficace.

Les PME ont envie de pouvoir se battre sur un terrain équitable ; les PME ont envie de pouvoir démarcher l’État avec leurs compétences pour pouvoir décrocher des marchés.

Les PME n’ont pas envie d’avoir des aides à la con.

On parle de redistribution des bénéfices et d’actionnariat: mais croyez-vous vraiment qu’une petite PME se pose ce type de questions ?

Qu’une boite de 10 personnes se pose la question du comment «réinvestir le capital engagé pour avoir une retour d’investissement à deux chiffres lors de la constitution du fond de roulement des actifs immobilisés dans une opération à court terme ?»

Mais vous vivez sur quelle planète ?

Une PME de 10 personnes cherche à dégager assez de marge pour payer ses salaires et, si possible, investir dans des nouveaux outils de travail; dans une PME de 10 personnes tout le monde se tutoie et le patron est souvent avec ses gars sur les chantiers.

Dans une petite PME on ne fait pas les 35 heures et quand on va à la retraite on est cassé en deux; mais on est fiers du travail accompli et on demande qu’une seule chose : travailler.

Et, croyez-moi, le patron couvreur qui monte sur les toits pour refaire vos Velux suite à le tempête n’est pas un idiot, et il est sans doute le premier à proposer à ses ouvriers une prime ou une augmentation de salaire sans que vous veniez lui faire morale.

Il sait ce que ça veut dire avoir les mains dans le cambouis, parce qu’il a les mains dans le cambouis tous les jours.

Ne confondez pas le monde de la finance et du Cac40 avec le monde des petites PME ; il s’agit de deux univers à des années lumières l’un de l’autre.

Alors de grâce, les hommes et femmes politiques qui prétendez aller chercher cette Présidence qui vous tient tant à cœur, arrêtez de nous parler de ce « tissu économique des petites et moyennes PME, tellement important pour la nation » parce que vous n’avez la moindre idée de ce dont vous parlez et plus vous nous parlez de ça, plus vous avez l’air de ne rien connaître au dossier et franchement ça commence à nous gonfler.

Occupez-vous de l’Élysée, nous sur le terrain on fait avancer le pays… et on aimerait pouvoir compter sur vous pour ne pas aller chercher ailleurs ce que vous avez déjà sous la main…

Auteur : Giorgio Paparelle

Source : www.lepost.fr


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