La production de plastique ne cesse d’augmenter et l’océan reçoit chaque minute une quantité de déchets plastiques correspondant à un camion poubelle. Cela montre l’importance de la technique mise au point par John McGeehan et son équipe.
C’est en étudiant une enzyme capable de désagréger du plastique, l’ideonella sakaiensis, qu’ils ont découvert par hasard une autre enzyme, encore plus efficace.
L’ideonella sakaiensis a été découverte en 2016 par des chercheurs japonais qui déjà comptaient dessus pour sauver la planète car elle se nourrit en effet du fameux PET qui compose les bouteilles en plastique. En voulant découvrir la structure de cette enzyme, appelée PETase, les équipes de l’Université de Portsmouth au Royaume-Uni et du Laboratoire national des énergies renouvelables du Département américain de l’Énergie (NREL) ont conçu accidentellement une enzyme encore plus efficace pour détruire le plastique. En y ajoutant des acides aminés, l’enzyme modifiée a été capable de détruire le plastique PET en seulement quelques jours.
L’étude, parue le 16 avril dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, et relayée par le Guardian, évoque également le travail à venir des chercheurs, qui vont maintenant tenter d’améliorer la performance de l’enzyme « pour se rapprocher d’une solution de recyclage pour la montagne en constante croissance de plastiques », écrivent les auteurs.
Chaque année, plus de huit millions de tonnes de plastiques aboutissent dans les océans. Le fameux « continent de plastique », cette immense plaque de déchets qui évolue dans le nord de l’océan Pacifique, s’étend sur une surface de trois fois la France. « Ce qui heurte les gens, c’est la pollution visuelle (mais c’est surtout) une pollution chimique, bactériologique (…) une pollution qui est vraiment sournoise. Or, sans image extraordinaire à montrer, c’est dur de toucher le grand public », regrette Patrick Deixonne, le fondateur de l’ONG « Expédition 7e continent ».
Une enzyme viendra-t-elle un jour à bout des 300 millions de tonnes de plastique que nous produisons chaque année ? C’est l’espoir des scientifiques qui misent sur la biochimie pour accélérer la dégradation de cette matière si résistante. En France, la start-up Carbios vient en parallèle d’annoncer être parvenue à optimiser son procédé de recyclage enzymatique du PET en divisant la durée de l’hydrolyse (le phénomène par lequel une substance est décomposée) par trois.
En mai 2017, une chercheuse espagnole a découvert de son côté qu’une espèce de larve connue sous le nom scientifique de « Galleria mallonella », était capable de dégrader naturellement le polyéthylène (un autre type de plastique que le PET), qui sert à la fabrication des sacs plastiques. Rappelons qu’il faut environ 400 ans pour qu’un sac plastique se dégrade à l’air libre.
(d’après Usbek & Rica)