Le verre borosilicate inventé en 1890 par l’Allemand Otto Schott est devenu « la référence absolue » pour le conditionnement de médicaments. Les chaînes de fabrication tournent à plein régime pour approvisionner les laboratoires engagés dans la course au vaccin anti-Covid.

Produire des vaccins, c’est bien. Encore faut-il trouver dans quoi les emballer et les expédier. Telle est la mission et la vocation du spécialiste du verre Schott, une maison fondée en Allemagne voilà quelque 130 années et qui porte encore le nom de son fondateur, le chimiste Otto Schott. Ce fils d’une famille de verriers a mis au point vers 1890 un type de verre dit borosilicate, remarquable par sa capacité à supporter des températures allant de – 80 degrés centigrades à 500 degrés.
Cette propriété est indispensable à la bonne conservation du vaccin BioNTech/Pfizer, qui réclame d’être maintenu à – 70 degrés Celsius. Une aubaine pour la firme Schott, dont les chaînes de production tournent sans relâche. Depuis des mois, elle se prépare à l’afflux de commandes.
Pour les essais cliniques lancés depuis le printemps, Schott a déjà livré des millions de flacons aux laboratoires engagés dans la course au vaccin. Chez plusieurs développeurs, les fioles sont déjà remplies et n’attendent plus que le feu vert des autorités pour être commercialisées. A lui seul, le groupe Schott, dont le siège est situé à Mayence (ouest de l’Allemagne) compte produire assez de flacons pour deux milliards de doses de vaccins Covid-19 d’ici fin 2021.
Le flacon Schott, héros méconnu de la lutte contre la Covid-19
Déjà boosté par la demande chinoise, Schott avait lancé en 2019 un programme d’investissement d’un milliard de dollars (840 millions d’euros) pour développer les capacités de sa branche pharmaceutique. A l’arrivée des commandes liées à la pandémie, les machines supplémentaires étaient déjà prêtes. « Cela nous a mis dans une bonne position pour accroître rapidement la production », explique Christina Rettig, Directrice de la Communication.
Les usines Schott tournent 24 heures sur 24 — comme c’est la norme dans le secteur — et aucune personne extérieure à l’entreprise n’est admise sur les chaînes de fabrication pour minimiser les risques d’infection. Même chose chez ses deux principaux concurrents, l’allemand Gerresheimer et la firme italienne Stevanato. Tous trois déclarent travailler en lien étroit avec les laboratoires pour répondre à la demande.
La sécurité est prise très au sérieux car un important site de production du groupe situé en Bavière, à Mitterteich, s’est retrouvé au coeur de la pandémie très tôt, quand cette localité est devenue en mars l’un des premiers foyers allemands du nouveau coronavirus après une fête de la bière. Conséquence de la fermeture des frontières, plusieurs travailleurs originaires de République Tchèque « n’ont pas vu leurs amis ou familles pendant des semaines ».
Le flacon à vaccin signé Schott est devenu la « référence absolue »
Associés aux scientifiques et industriels allemands Ernst Abbe et Carl Zeiss, Otto Schott a fondé un laboratoire qui a établi les bases technologiques du verre moderne. Le verre « borosilicate », dont Schott a fait sa spécialité, est très recherché non seulement pour sa capacité à résister aux températures extrêmes, mais aussi parce qu’il est chimiquement inerte. Cela empêche toute réaction potentiellement nocive entre le contenant et le contenu. Le verre borosilicate est ainsi devenu « la référence absolue » pour le condetionnement de médicaments, explique Christina Rettig.
L’entreprise autrefois familiale, détenue intégralement par la fondation Carl Zeiss, emploie aujourd’hui quelque 16.000 employés dans plus de 30 pays pour un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros en 2018/2019. Le groupe vend également des produits d’éclairage spécialisés, notamment pour l’endoscopie.
Contrairement aux laboratoires, les flacons ne font pas les gros titres de la presse, mais, assure Christina Rettig, les employés de Schott « sont fiers de contribuer à lutter contre le coronavirus. »
Auteur : DANIEL ROLAND / AFP – Source : www.challenges.fr
Merci Daniel pour cet article, c’est toujours très intéressant de connaître l’histoire des objets.
Laurent
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