Le président Jacques Chirac a revêtu samedi les habits de représentant de commerce pour faire, devant ses hôtes chinois, la promotion des produits et services développés par les entreprises françaises.
Prononçant un discours à Chengdu, capitale de la province du Sichuan où il était arrivé la veille pour entamer une visite d’État de cinq jours, il n’a pas caché sa volonté de faire de la France « le partenaire naturel » de la Chine, un pays qui connaît une croissance économique exceptionnelle, avec un taux attendu de 8,8% cette année après 9,1% l’an dernier.

Il s’est efforcé de dissiper les craintes de ses compatriotes, inquiets de voir de plus en plus d’entreprises fermer leurs usines sur le sol national pour en ouvrir dans des pays à bas coûts.
« A ceux qui, en Europe et en France, s’interrogent sur les conséquences d’un tel essor, je pense bien sûr à la crainte des délocalisations, je dis que le développement de la Chine est une chance pour notre propre croissance et nos emplois. Et cette chance, la France doit la saisir », a-t-il déclaré.
Il a expliqué que pour répondre au risque de délocalisations, le gouvernement avait pris des mesures. Mais, a-t-il assuré, « c’est aussi en allant à la conquête de nouveaux marchés, en sachant saisir les opportunités qui s’offrent à notre économie que nous accélérerons les créations d’emplois en France et que nous ferons reculer durablement le chômage ».
La veille à Hanoï, il avait fait valider son analyse par les chefs de gouvernement du Japon et de Thaïlande qui avaient assuré que la croissance en Chine était une opportunité exceptionnelle pour leurs pays respectifs.
« Résolument engagée dans la bataille de l’économie mondiale », a-t-il dit, la France « a les capacités industrielles, les technologies, les savoir-faire pour aller à la rencontre du développement de la Chine et pour être son partenaire de référence dans de nombreux domaines ».
Le chef de l’État français a cité les secteurs prioritaires définis dans le cadre du « partenariat stratégique globale » signé avec son homologue Hu Jintao lors de la visite de celui-ici en France au début de l’année : l’énergie, l’aéronautique et les transports terrestres.
Dans le secteur de l’énergie, dont la demande croît de plus de 15% par an, les autorités chinoises ont décidé de miser sur le nucléaire. Au rythme actuel, a calculé Jacques Chirac, la Chine devrait construire tous les six ans l’équivalent du parc français de centrales électriques. Une unité coûtant entre 1,5 milliard et 3 milliards d’euros en fonction de sa puissance, le marché est gigantesque.
Le président français a vanté les mérites des entreprises françaises de ce secteur : Electricité de France (EdF) est une « référence indiscutée », Areva dispose avec l’EPR du réacteur de nouvelle génération « le plus avancé et le plus sûr du monde ».
« Nos industriels et nos chercheurs de la filière nucléaire sont prêts à nouer un véritable partenariat industriel et scientifique avec la Chine sur la base de transferts des technologies les plus avancées et la création d’entreprises communes ».
Dans l’aéronautique, il a également évoqué la « coopération industrielle » et a dit croire au succès du très gros porteur Airbus A380 sur le marché chinois, rappelant que plusieurs compagnies de la zone Asie-Pacifique avaient déjà commandé cet appareil.
Citant la prise de participation d’Eurocopter (groupe EADS) dans Avichina, il a insisté sur la volonté de la France d’approfondir la relation dans ce domaine.
Il a également fait la promotion du TGV fabriqué par Alstom, assurant que 645 de ces trains roulaient en Europe, dont 80% à plus de 300 km/heure. « Depuis son lancement, le TGV français a transporté l’équivalent de la population chinoise », a-t-il noté.
A l’heure où les Chinois hésitent encore à lancer le projet d’un TGV entre Pékin et Shanghaï, il a rappelé le succès du TGV en Corée du Sud. « La réussite de sa technologie, avec la KTX, le TGV coréen démontre une fois encore le savoir-faire des entreprises françaises dans la transmission à un partenaire étranger des technologies les plus pointues ».
Dans son discours, Jacques Chirac a pratiquement cité les 25 grands groupes dont les dirigeants l’accompagnent dans son voyage en Chine. Il s’est ainsi félicité de la reprise des achats de blé français par la Chine.
Il a regretté que les PME françaises ne soient pas plus nombreuses en Chine, soulignant que seulement 3.500 d’entre elles avaient des activités dans ce pays. « C’est trop peu. Je souhaite que d’ici trois ans, nos PME soient deux fois plus nombreuses à exporter et à se développer en Chine », a-t-il dit.
Tout en étant dithyrambique sur la Chine et sa culture, Jacques Chirac a insisté sur la nécessité d’instaurer « des règles de bonne pratique et de bonne concurrence » et de les respecter. Il a évoqué la sécurité juridique, le respect de la propriété intellectuelle et la lutte contre la contrefaçon.
« Le meilleur respect de ces règles, comme de celles relatives à la législation sociale et à l’environnement, contribuera à asseoir l’image de la Chine comme puissance économique responsable et comme grand acteur de la marche du monde », a-t-il déclaré.
Avant de reprendre son périple vers Pékin, où il donnera le coup d’envoi des festivités de l’année de la France en Chine, puis vers Shanghaï et Hong Kong, le président français doit visiter une installation de la Snecma à Chengdu ainsi que la chaumière de Du Fu, « cet immense poète qui raconte sa vie à travers ses poèmes ».
Auteur : William Emmanuel
Source : www.reuters.fr
En savoir plus sur Invention - Europe
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.
