Jean-Paul Friat dévoile son nouveau bébé

Le nouveau bébé de l’inventeur Jean-Paul Friat s’appelle Rotomatic FRS 10/18. Si son nom n’a rien de poétique, c’est bien à dessein. Cet outil de 1,5 tonne n’a qu’une seule vocation, la fonctionnalité.

Au terme de cinq années passées sur sa planche à dessin, Jean-Paul Friat est en mesure d’annoncer la toute prochaine présentation de la Rotomatic FRS 10/18 à un public spécialisé. C’est dans les locaux de l’entreprise Robert & Schneider, à Crémines qu’aura lieu ce baptême du feu devant un parterre d’industriels représentant des entreprises prestigieuses de Suisse, d’Allemagne et des États-Unis notamment, assure Jean-Paul Friat

A Tavannes où il habite, comme à Moutier et dans tout le microcosme régional de la machine-outil, Jean-Paul Friat est connu comme le loup blanc. Quant aux ménagères des quatre coins du pays, elles l’ignorent peut-être, mais elles lui sont redevables de leur friteuse Fri-Fri.

Bien des tours automatiques à poupées mobiles de Bechler ne sont pas marqués d’un Z comme Zorro, mais d’un F comme Friat. Il en va de même d’une machine hydraulique à tailler les pignons de Wahli Frères. Meilleur créateur que vendeur, l’homme n’a pas su ou voulu retirer les marrons du feu. Ainsi, histoire de renflouer ses caisses vides alors que ses créations se vendaient pourtant dans le monde entier, il a ouvert à Moutier un institut de physiothérapie avant de revenir à ses chères machines pour la société AG für Automatisierung à Bienne dont il était partie prenante. Et voilà qu’à 83 ans, ce retraité pas comme les autres annonce presque en s’excusant qu’il a mis son temps libre à profit pour créer une nouvelle machine. «Si tout fonctionne comme je l’entends, ce sera une petite révolution dans le monde du décolletage. Si cela ne marche pas, eh bien, tant pis!, je ne gagnerai pas un rond.»

En évoquant le bon coup qu’ils sont en train de préparer ensemble, Henri Schneider, patron de l’entreprise Robert & Schneider, est franchement confiant. Lui, il investit 800 000 francs dans l’aventure, soit le prix estimé du premier prototype de cette machine qui travaillera plus vite, avec plus de précision et beaucoup plus de souplesse que les machines des concurrents actuellement sur le marché. «Pour une petite PME de 12 employés, ce n’est pas un maigre investissement, mais je suis confiant.» Henri Schneider raconte que cette machine, il l’avait en tête depuis déjà des années. «Un ami m’a alors conseillé d’en parler à Jean-Paul Friat et là, surprise: lui, ce n’est pas que dans la tête qu’il l’avait, mais déjà sur sa planche à dessin! Je n’ai donc pas hésité pour investir.»

Prié d’expliquer en quelques mots ce qui fera l’originalité de la Rotomatic FRS 10/18, Henri Schneider cite dans l’ordre l’existence de moteurs individuels pour chacun des six appareillages d’outillage et sa haute vitesse allant jusqu’à 20 000 tours par minute. En outre, cette machine sera d’une rare polyvalence. En changeant simplement la broche de poupée, on pourra travailler sur des gammes de diamètres différentes, ce qui jusqu’ici demandait tout bonnement deux machines différentes.

La Rotomatic pour les intimes

La machine qui sera présentée dès la fin de cette année dans les ateliers de l’entreprise Robert & Schneider est commandée entièrement numériquement. Elle comporte 15 moteurs ultra précis de type Fanuc. Dans son ventre, on relèvera l’absence totale de courroies de transmission, sources de vibrations.

En cas de panne précisément, toute l’électronique est contenue dans un caisson séparé posé au dessus de cette machine d’un mètre cinquante de largeur pour 1500 kilos. Ce caisson est relié à la machine par 48 connecteurs qu’il suffira de débrancher pour désolidariser les deux éléments si l’un d’eux devait être retourné à l’atelier pour réparation. Les moteurs Fanuc utilisés sont tellement précis qu’on peut les arrêter en 1600 positions sur les 360 degrés d’un tour de roue.

Le client pourra se déterminer pour une machine dotée de 1 à 6 burins de tournage, montés en éventail sur un socle avec système de lubrification, commande numérique et poupée mobile. La longueur de décolletage sera de 75 mm. En outre, 12 différents appareils tels que pointeurs, perceurs, taraudeurs, porte-filière, burins de tournage, polygoneurs pour carrés ou six pans, perceurs transversaux et surtout appareil à tailler des dents par génération pourront être installés optionnellement. Quelques vis à serrer, l’enfilage d’une prise électrique et le tour sera joué. Cette machine sera la seule dans le monde capable de décolleter et tailler des dents en même temps. Les spécialistes apprécieront.

Auteur : Blaise Droz

Source : www.journaldujura.ch