Avec le projet « Futurol », la France entre de plain-pied dans la course aux biocarburants de seconde génération. D’un montant total de 74 millions d’euros, ce projet lancé par le pôle de compétitivité IAR doit aboutir à la mise en service en 2016 d’une raffinerie capable de produire chaque jour 500 000 litres de bioéthanol à partir de divers résidus agricoles, forestiers ou de déchets urbains végétaux.
Accusés de tous les maux, et notamment d’avoir amplifié la crise alimentaire mondiale, les biocarburants de première génération ne sont plus en odeur de sainteté. Alors que les eurodéputés revoient les objectifs de l’Union concernant leur développement, la France a décider de miser désormais sur les biocarburants de deuxième génération. Un important projet de R&D destiné à mettre au point des carburants à partir de végétaux qui n’entrent pas en compétition avec les cultures alimentaires a en effet été lancé hier. Il s’agit du programme « Futurol ».
Proposé par le pôle de compétitivité à vocation mondiale Industries et agro-ressources (IAR), Futurol est porté par le consortium Procethol 2G, qui regroupe 11 partenaires(1) scientifiques, industriels et financiers. Parmi eux, on compte notamment l’INRA, l’Office National des Forêts (ONF), l’Institut Français du Pétrole (IFP), ou les entreprises Total et Tereos.
Le montant global du projet s’élève à 74 millions d’euros sur huit ans (2008-2016), dont près de 30 millions d’euros apportés par Oseo.
Des matières premières diversifiées
Futurol doit mettre sur pied d’ici à 2016 la première raffinerie française capable de produire chaque jour 500 000 litres de bioéthanol à partir de résidus agricoles, forestiers ou de déchets urbains « verts ». C’est ce que l’on appelle la « biomasse lignocellulosique ». Or, la transformation en éthanol de celle-ci est un véritable défi scientifique, comme l’explique Marion Guillou, PDG de l’INRA, partenaire de Procethol 2G. « Aujourd’hui, quand on travaille sur la lignocellulose du bois ou des tiges de blé, toute la difficulté consiste à atteindre la cellulose, ce sucre que l’on essaye de transformer en éthanol. Il est en effet emprisonné dans un matériau rigide, la « lignine », qu’il est difficile de dégrader. »
Les chercheurs de Procethol 2G vont donc devoir mettre au point des enzymes de dégradation de la lignine, mais aussi des procédés d’extraction de la cellulose, ainsi que des levures et différentes méthodes de fermentation de ce sucre en alcool. Les procédés mis au point dans les huit ans qui viennent devront permettre de produire, à un prix compétitif, un éthanol ayant les meilleures performances environnementales et énergétiques.
Et, ce, à partir de matières premières très diversifiées.
Début de la production : 2016
La particularité de Futurol, qui lui permet de se distinguer des programmes concurrents lancés en Suède ou aux États-Unis, est en effet de proposer une production de bioéthanol à partir de bois, de sorgho, de luzerne, de paille de céréales, de pulpes de betterave, etc., quand les autres projets focalisent sur un seul type de résidu.
Un pari scientifique et technologique dont les premiers résultats seront testés dans une unité « pilote » qui sera construite entre 2008 et 2010 sur le site de Pomacle (Marne), où les groupes agro-industriels déjà implantés fourniront la matière première sous forme de co-produits agricoles.
Les procédés seront ensuite validés dans un prototype qui sera installé à partir de 2013 sur un site appartenant au groupe sucrier Tereos, partenaire de Procethol 2G. « C’est un projet ambitieux, qui montre que l’arrivée des biocarburants de deuxième génération ne va pas se faire du jour au lendemain. Si tout va bien, l’exploitation industrielle pourrait commencer en 2016. Mais on ne saura qu’en 2013 si les procédés sont validés par le pilote et si le prototype d’usine doit être lancé ou pas », précise Dominique Dutartre, président de Procethol 2G.
(1) : Agro industries Recherches et Développements (ARD), Confédération Générale des Betteraviers (CGB), Champagne Céréales, Crédit Agricole du Nord-Est, IFP, INRA, Lesaffre, Office National des Forêts, Tereos, Total.
Auteur : William Bolle
Source : www.innovationlejournal.com
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