Alors que les petites et moyennes entreprises ressentent de plus en plus les effets de la crise économique et financière, une table ronde organisée par la Commission européenne a examiné ce que l’Union, les États membres et d’autres parties intéressées pouvaient faire pour promouvoir l’accès au crédit des PME.
Les PME sont souvent considérées comme l’«épine dorsale» de l’économie européenne. La comparaison n’est pas surprenante, étant donné qu’elles représentent 99 % des entreprises et deux tiers des emplois du secteur privé. En raison du rôle économique essentiel qu’elles jouent, elles constituent une cible privilégiée des nouveaux plans de relance économique de l’UE.
Le plan de redressement exceptionnel de 200 Mrd EUR accordé par l’UE en décembre 2008 a reconnu les PME comme clé de la relance de la croissance économique de l’Europe et de la sauvegarde de l’emploi. Les mesures destinées aux PME comprennent l’amélioration de l’accès de ces dernières au crédit bancaire et l’accélération des réformes au titre du «Small Business Act» dont l’objectif est d’améliorer l’approche générale en matière d’entrepreneuriat, d’approfondir le principe «Penser aux PME d’abord» (ou Think small first) quant aux décisions politiques et d’aider les PME à surmonter les problèmes qui continuent d’entraver leur développement.
De plus, la Banque européenne d’investissement (BEI) a lancé une enveloppe de 30 Mrd EUR de prêts pour les PME répartis par l’intermédiaire de banques d’ici 2011, ainsi qu’une initiative distincte de microcrédit créée pour les très petites entreprises. La libération de fonds dans le cadre des instruments financiers du programme-cadre pour la compétitivité et l’innovation de l’UE sera étendue.
Afin de soutenir davantage les PME, la Commission européenne a également accepté en décembre d’augmenter le seuil des aides publiques pour permettre aux États membres de fournir jusqu’à un demi-million d’euros en assistance directe aux entreprises dans le cadre des programmes approuvés par la Commission.
Injecter du sang neuf
Toutefois, il semble que les PME soient à l’évidence confrontées à une pression de plus en plus forte sur le crédit, étant donné que les banques, source principale de crédit pour les entreprises plus petites, deviennent plus prudentes. Conformément aux données recueillies par Eurochambres, l’association des chambres de commerce et d’industrie européennes, quelque 30 % des PME éprouvent des problèmes de liquidités.
C’est sur cette toile de fond que la Commission européenne a animé, le 21 janvier 2009 à Bruxelles, la table ronde sur l’accès au financement, qui a réuni des représentants des PME et des banques.
«Les fonds de roulement sont le sang qui permet aux entreprises de fonctionner au quotidien, tandis que le soutien à l’investissement dans l’innovation et les ressources humaines est essentiel pour s’assurer que les PME seront prêtes à tirer le maximum de profit au moment de la reprise économique», a déclaré Günter Verheugen, vice-président de la Commission en charge des entreprises et de l’industrie, qui a exhorté les banques à faire parvenir le plus tôt possible aux PME les liquidités débloquées par les gouvernements.
Les participants ont salué la réaction rapide de l’UE et des gouvernements des États membres à la crise financière qui, jusqu’ici, a permis de réduire l’impact du resserrement de crédit sur les plus petites entreprises. Tout en se réjouissant des efforts accomplis pour soutenir la solvabilité des marchés financiers, les représentants des PME ont déclaré que les premiers crédits n’étaient pas encore pleinement arrivés dans les entreprises. «Des montants énormes d’argent public sont injectés dans les banques, mais celles-ci ne les ont pas encore convertis en bénéfices tangibles pour les PME», a déclaré Arnaldo Abruzzini, secrétaire général d’Eurochambres.
«Les responsables politiques européens doivent être félicités d’avoir rapidement réagi à la crise et tenté de redresser la situation au cours des [quelques] mois déjà écoulés. Sans leur intervention, les marchés financiers se seraient sans doute progressivement enrayés et l’accès au financement pour les PME aurait été réduit davantage», a fait remarquer Andrea Benassi, le secrétaire général de l’UEAPME, l’Union européenne de l’artisanat et des PME. «Pourtant il y a encore beaucoup à faire, en particulier dans les États membres dotés de moins de structures bancaires de crédit.»
Offre contre demande
Les banquiers présents ont soutenu que leur engagement à l’égard des PME n’avait pas faibli. «Les banques coopératives n’ont pas diminué leur offre de crédit aux PME. Le problème concerne davantage la demande de crédit», a indiqué Hervé Guider, le directeur général de l’Association européenne des banques coopératives, un réseau de 4 500 banques coopératives à travers l’Europe. «La récession et le marasme économique n’incitent pas les PME à investir et à être innovantes.»
À titre d’exemple, les données provenant des banques coopératives en Italie indiquent une hausse du volume du crédit de 9 % en 2008 comparée à l’année précédente. Ces chiffres montrent aussi que les taux d’intérêt offerts par les banques coopératives en Italie étaient inférieurs à la moyenne. Aux Pays-Bas, certaines banques ont même signalé une augmentation de 15 % dans le volume des prêts concédés au segment PME.
En outre, certaines banques sont sorties relativement indemnes de la crise financière. Par exemple, les caisses d’épargne, dont le modèle commercial est bâti sur une forte base de dépôts, ont davantage été touchées par le ralentissement économique que par le resserrement du crédit. Selon des études réalisées en Allemagne, en Autriche et en Espagne, les caisses d’épargne ont prévu une certaine baisse dans les volumes de prêts, en raison de décisions d’investissement différées, mais une croissance de plus de 7 % en matière de prêts aux PME en 2008. Cependant, la réduction dramatique de l’activité économique, qui s’est produite au dernier trimestre de 2008, a continué d’accroître les incertitudes.
Les banques commerciales ont constaté que tous les clients qui avaient emprunté auprès d’elles avaient été frappés par la crise financière et que, dans de nombreux cas, les grandes sociétés avaient davantage souffert du tarissement du crédit que les PME.
Les représentants des banques réunis ont souligné que, suite aux changements actuels, le financement des PME devenait de plus en plus une activité principale de leurs modèles d’entreprise.
En terrain inconnu
Les décideurs politiques et les parties prenantes ont admis que la crise économique naissante menait l’Europe dans l’inconnu. Madame Edit Herczog, membre du Parlement européen, siégeant à la Commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs et à la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie du Parlement européen, a observé que la Commission européenne avait mis des solutions sur la table et que les États membres devaient à présent se montrer proactifs en en faisant usage.
En conclusion, le vice-président Verheugen a déclaré qu’il était crucial, en dépit du climat d’incertitude économique, que les PME ne réduisent pas leurs investissements.
Source : www.infos-industrielles.com
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