Le scientifique saint-quentinois Joseph Davidovits parcourt le monde. L’inventeur de l’après pétrole pour les ciments séduit l’Inde.
Né en 1935, fils d’un travailleur immigré hongrois, 4e d’une fratrie de 6 enfants, Joseph Davidovits a un parcours qui sort des sentiers battus. Boursier de l’enseignement public de la 6e au doctorat des sciences, il est mondialement connu et reconnu pour avoir inventé à Saint-Quentin dans les années 1970 les géopolymères, des matériaux minéraux sans pétrole.
En 1990, lors de la première guerre du Golfe, l’armée américaine a utilisé ses matériaux, pour créer dans le désert d’Arabie Saoudite des pistes d’aviation : « Un prototype d’une de mes nombreuses applications qui correspond aujourd’hui à la préoccupation mondiale de la réduction des gaz à effet de serre, l’industrie traditionnelle des ciments étant la plus polluante du globe ».
Une université de 2 millions d’étudiants
Après déjà avoir présenté son travail un peu partout à travers le monde, aux USA, en Chine, Australie, Afrique du Sud, République Tchèque, Ukraine, Angleterre… le Saint-Quentinois, ancien professeur des universités américaines de Miami et Pennsylvanie, professeur honoris causa de l’université chinoise de Xiang, vient d’être l’hôte de l’Inde. Dans un pays d’un milliard d’habitants, il était invité près de Pondichéry, par l’université d’Annamalai qui compte près de 2 millions d’étudiants campus et cours par correspondance réunis. Il y a donné trois conférences.
La préoccupation de la planète
Joseph Davidovits a été surpris par la solennité de l’accueil. « Moi qui suis habitué à la décontraction américaine, quel changement ». Le scientifique a visiblement été séduit. « La lutte contre le réchauffement de la planète est devenue une de leurs priorités. Ils ont pris conscience qu’il leur faut des matériaux qui ne polluent pas comme les géopolymères. L’Inde est un pays qui s’éveille, il suit toutes les règles de l’Europe occidentale. Ces gens brillants sont conscients d’avoir énormément de choses à faire, ils vont développer notre technologie ».
Un journal national « The Hindu », l’équivalent du Monde ou du Figaro, lui a consacré un article : Un expert français appelle à une alternative pour les ciments. Une opportunité à l’heure où Nicolas Sarkozy vient de signer des accords de développement bilatéraux avec l’Inde.
Le monde entier à Saint-Quentin
Et pourtant alors que ce pays en voie de devenir le plus pollueur de la planète tend les bras à Joseph Davidovits, le fameux adage nul n’est prophète en son pays semble se confirmer une nouvelle fois. Après avoir été auditionné l’an dernier par l’Assemblée nationale qui a retenu son projet pour le développement des technologies de l’après pétrole, sa rencontre avec des hauts fonctionnaires s’est soldée par une incompréhension.
« Je peux faire venir le monde entier à Saint-Quentin, mais quand à Paris on me met dans les pattes des hauts fonctionnaires ça ne marche pas. Seul je ne peux rien faire. Créer un centre de recherche universitaire était une opportunité de faire de Saint-Quentin une ville internationale ».
Le septuagénaire ne compte pas pour autant s’endormir sur ses lauriers. Le 7 janvier prochain, il accueillera en son domicile un émissaire du gouvernement du roi Abdallah d’Arabie Saoudite pour finaliser un projet d’accord de recherche. En octobre, il donnera une conférence à Riad.
En attendant, le 28 janvier prochain, il recevra une équipe de la télévision japonaise, avant en février outre-Rhin de donner 5 conférences, en mars une à Paris, en avril en Belgique…
Alors, malgré ses 75 ans printemps, pas question de songer à la retraite : « Je ne peux pas, je parcours le monde pour donner des conférences ».
Auteur : Erick LESKIW
Source : www.aisnenouvelle.fr