Il y a 125 ans, la révolution automobile


Allemagne / Dans les pas de Carl Benz et Gottlieb Daimler

En 1886, deux ingénieurs allemands, Carl Benz (1844-1929) et Gottlieb Daimler (1834-1900), ont apporté une contribution décisive à l’avènement de la mobilité motorisée : cette année-là, le premier, installé à Mannheim, déposa le brevet de son « véhicule à propulsion par moteur à gaz » et le second construisit à Bad Cannstatt une calèche équipée d’un moteur à essence.

Quel pays est le berceau de l’automobile ? La question reste aujourd’hui encore un sujet de controverse entre spécialistes français et allemands. Avec des inventeurs nommés Amédée Bollée, pionnier de la propulsion à vapeur (1873), Edouard Delamare-Deboutteville et Léon Malandin, concepteurs en 1883 d’un véhicule de transport équipé d’un moteur fonctionnant au gaz de pétrole, l’automobile aurait pu être une invention française. Mais les prototypes qu’ils développèrent ne furent suivis d’aucune production en série…

Place à «la voiture sans cheval»

L’histoire a donc préféré retenir les noms de Carl Benz et Gottlieb Daimler, deux ingénieurs allemands dont les travaux ont débouché, sous leur impulsion, sur une aventure industrielle florissante. Celle-ci continue depuis 125 ans de s’écrire dans leur région natale, le Bade-Wurtemberg, en ce début de XXI e siècle, à l’enseigne des luxueuses berlines Mercedes et des coupés sportifs Porsche mais également à Wolfsburg (Volkswagen), à Munich (BMW), à Ingolstadt (Audi) et à Rüsselsheim (Opel).

Outre-Rhin, la chronologie officielle retient l’an 1886 comme la date de naissance de la mobilité motorisée. Cette année-là, le 29 janvier, l’Office impérial allemand des brevets a décerné le certificat numéro 37435 au « véhicule à propulsion par moteur à gaz » construit l’année précédente par un certain Carl Benz, 41 ans. Connu sous le nom de «Benz-Patent-Motorwagen-Nr.1», exposé au musée des transports à Munich, ce prototype pesant 265 kg, réunissant moteur, châssis et transmission, est considéré comme la première automobile moderne. Dotée de trois roues, celle qu’on surnomme alors la « voiture sans cheval » est équipée d’un moteur monocylindre quatre temps de 984 cm 3. Elle fait sensation dans les rues de Mannheim, où elle aurait atteint la vitesse de pointe de 18 km/h.

Fils d’un conducteur de locomotive, formé au Polytechnikum de Karlsruhe, Carl Benz avait fondé trois ans plus tôt dans cette ville la société « Benz & Co., Rheinische Gasmotorenfabrik », et y produisait des moteurs à explosion. Au même moment, à Bad Cannstatt, ville thermale proche de Stuttgart, Gottlieb Daimler, avec l’aide de Wilhelm Maybach, développait dans l’ancienne serre de sa villa, un moteur monocylindre vertical léger à essence (462 cm3, 1,1 CV, 92 kg) surnommé «Standuhr» (Horloge murale) et breveté en avril 1885.

Un premier emploi à Graffenstaden

Les deux inventeurs le montent en 1886 sur une calèche à quatre roues après avoir construit l’année précédente le «Reitwagen», un deux-roues à moteur, considéré comme la première moto. Natif de Schorndorf, où son père tenait une auberge-boulangerie, le jeune Gottlieb avait travaillé quatre ans à Graffenstaden (1853-1857), près de Strasbourg, avant de reprendre des études d’ingénieur à l’école polytechnique de Stuttgart. Il fit ensuite carrière dans la construction mécanique à Reutlingen, à Karlsruhe, à Cologne (chez Deutz) avant de se mettre à son compte à 51 ans.

Depuis 1926, année de leur fusion, sous les effets de la crise économique, les histoires des entreprises fondées par les deux pères de l’automobile allemande, Benz & Co, et Daimler-Motoren-Gesellschaft, se confondent avec celle du groupe Daimler-Benz (Daimler AG depuis 2007) et de Mercedes, sa marque phare.

Un succès plus rapide en France

On retiendra également que la France, où l’automobile connaît dans les années 1890 un succès public plus rapide qu’en Allemagne, compte pour beaucoup dans la réussite initiale des deux sociétés.

Ainsi, dès 1888, un ingénieur et designer parisien, Emile Roger, acquiert les droits pour la revente des voitures Benz hors d’Allemagne. Au tournant du siècle, sur les 2 300 véhicules construits jusque-là à Mannheim, un tiers a trouvé preneur en France.

En 1889, lors de l’exposition universelle à Paris, la première voiture à moteur à combustion interne exposée par Daimler suscite l’intérêt d’Armand Peugeot mais aussi de Panhard et Levassor qui vont dès lors produire des véhicules sous licence de l’inventeur de Bad Cannstatt. Onze ans plus tard, un marchand autrichien, Emile Jellinek, féru de courses automobiles, commande une trentaine de véhicules à Daimler. En 1901, l’un d’entre eux, qu’il baptise Mercedes, d’après le prénom de sa fille, remporte pas moins de trois victoires lors de la semaine de courses de Nice, alors «l’eldorado des pilotes auto». Le nom et la légende de la marque à l’étoile étaient nés…

Auteur : Xavier Thiery

Source : www.dna.fr


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