Canada / Être inventeur en 2013


Joseph-Armand Bombardier, Cyrille Duquet, Jean Saint-Germain et Arthur Sicard figurent parmi les inventeurs les plus connus du Québec. Ces hommes de génie ont respectivement inventé la motoneige, le combiné téléphonique, le biberon sans air (le fameux sac Playtex) et la souffleuse à neige. Mais qu’en est-il des inventeurs d’aujourd’hui ? Sont-ils respectés, incompris, sinon marginalisés ? Pour en avoir le cœur net, Auto est allé à la rencontre de quelques inventeurs et autres patenteux qui évoluent dans le secteur des transports.

Il existe deux principaux types d’inventeurs. D’une part, il y a les inventeurs «autonomes», c’est-à-dire ceux et celles qui travaillent seuls dans leur garage ou leur sous-sol, à plein temps ou à temps perdu. Il s’agit habituellement de gens sans diplôme universitaire. D’autre part, il y a les inventeurs qui travaillent dans une entreprise, bien souvent en R et D. Étonnamment, ce ne sont pas toujours des universitaires.

Les inventeurs autonomes, qui représentent la majorité, ne l’ont pas facile, soutient Daniel Paquette, président d’Inventarium. « Ils sont considérés comme des marginaux par les gens d’affaires, mais ils sont respectés et célébrés par le grand public », dit cet ex-policier qui compte plusieurs inventions à son actif.

Selon M. Paquette, la plupart des inventeurs ignorent les processus et les problèmes liés à la commercialisation d’un nouveau produit. « Les inventeurs parlent un langage différent de celui des gens d’affaires, ce qui rend les négociations très difficiles », croit celui dont l’entreprise vient en aide aux inventeurs québécois.

« Dans un monde idéal, ce serait bien de pouvoir donner de l’argent à tous ceux et celles qui travaillent à développer des inventions, soutient Jean-Louis Legault, PDG de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ). Mais ça ne fonctionne pas comme ça. Tous les pays, y compris le Canada, font face à des enjeux économiques importants. Il faut donc établir une liste de priorité parmi les projets. »

Cela dit, M. Legault salue la nouvelle Politique nationale sur la recherche et l’innovation (PNRI) annoncée à la mi-octobre par le gouvernement de Pauline Marois. Dans la foulée, près de 3,7 milliards seront investis en cinq ans dans divers programmes, notamment pour aider les PME à breveter leurs inventions. Bref, ce sont surtout les gens en R et D qui seront choyés.

« Le Québec est une société d’inventeurs, d’innovateurs et de patenteux. Toutefois, le nombre de brevets et de chercheurs qui publient de même que les retombées économiques sont moins importants par rapport à d’autres pays. Parce que les Québécois ont un gène de patenteux, on devrait faire mieux en matière de retombées économiques », explique Jean-Louis Legault.

Selon Joël Bouchard, attaché de presse de Pierre Duchesne, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie, la PNRI servira justement à commercialiser les inventions brevetées.

Il n’est donc pas exclu que les inventeurs « autonomes » soient admissibles à l’un des programmes de la PNRI. « Ils devront cependant être structurés », affirme Sylvie Brisson, directrice générale d’Inventions Québec.

À son avis, les inventeurs doivent non seulement détenir un brevet, mais aussi un très bon plan d’affaires. « Il existe des subventions et des organismes pour aider les inventeurs à mettre leur projet sur pied », dit celle dont l’organisme, fondé en 1972, offre des services professionnels de protection intellectuelle. À ce jour, près de 10.000 inventeurs, inventrices et PME du Québec ont fait appel à Inventions Québec.

En matière de protection intellectuelle, rappelons que c’est la Loi du premier déposant qui prévaut au Canada, depuis octobre 1989. Il en va de même aux États-Unis depuis mars 2013. Autrement dit, même si quelqu’un a toutes les preuves du monde qu’une idée vient de lui, il n’aura aucun recours s’il n’a pas fait une demande de brevet provisoire (environ 1.500$) qui protège son invention pendant un an. C’est ensuite qu’il pourra faire breveter son produit, une opération qui coûte facilement plusieurs milliers de dollars.

Auteur : Stéphane Champagne

Source : auto.lapresse.ca


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