PME françaises, ne négligez pas votre propriété industrielle !


La France compte plus de 20.000 entreprises innovantes. Mais moins de 10 % d’entre elles déposent un brevet chaque année.

La France tient une place de bon niveau dans le classement des pays utilisant la propriété industrielle. Notre pays occupe le 6 rang mondial en termes de dépôt de brevets, et 12 entreprises ou organismes font partie des 100 entités mondiales les plus performantes dans ce domaine, ce qui place la France parmi les pays les plus innovants au monde.

Cependant, cet excellent positionnement masque un potentiel inexploité, une arme de conquête dont pourraient mieux se doter nos PME. Deux études récentes, l’une américaine et l’autre européenne, montrent que les entreprises qui utilisent la propriété industrielle ont un plus fort potentiel de développement, créent plus d’emplois et ont une contribution plus importante au PIB. Ce constat, malheureusement, ne conduit pas en France à une reconnaissance partagée de l’effet de levier que représente la propriété industrielle.

Dans le classement que l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) établit chaque année, 70 % des brevets publiés sont déposés par les grandes entreprises ou organismes de recherche. Mais moins de 2.000 PME françaises déposent un brevet chaque année. Or nous disposons de plus de 20.000 entreprises innovantes en France. Nombre d’entre elles ne sont pas convaincues par l’intérêt de la propriété industrielle. Elles expriment un relatif scepticisme à son égard, n’en perçoivent que le coût et non les bénéfices, pourtant nombreux, qui y sont associés, et se sentent démunies si un litige survient, en particulier à l’étranger.

Il s’agit donc d’œuvrer au plus vite pour vaincre ces freins qui bloquent en partie leur croissance au travers d’un pacte national d’urgence avec les investisseurs, conseils et financiers. Avec un objectif simple  : prouver aux PME que la propriété industrielle est un moyen de lever des fonds  !

Les financiers français devraient en effet mieux considérer la prise de risque dans les actifs immatériels que représentent les titres de propriétés industrielles. Tous les investisseurs ont ­conscience qu’investir dans une entreprise innovante qui ne dispose pas de brevets ou de marques affaiblit le projet. Par contre, sont-ils prêts à les financer en prenant en garantie la propriété industrielle pour couvrir le risque  ?

Après les premières étapes de financement qui permettent à la start-up de valider son projet, il est difficile de trouver des relais de financement du fonds de roulement. Cependant, ces premiers financements auront permis de ­construire un portefeuille de propriété industrielle qui constitue un vrai capital, mais non reconnu. En cas de coup dur, un litige par exemple, la PME va devoir trouver l’argent nécessaire à financer sa défense. Pourquoi ne pas offrir en garantie son portefeuille de propriété industrielle ? Elle ne perd pas son ADN, puisqu’il s’agit simplement d’une garantie. Et l’investisseur prend sans doute moins de risques que lorsqu’il appuie son aide sur la base de données purement financières.

Mais les financiers ne sont pas familiers des atouts que représente la propriété industrielle. Rien n’est enseigné dans les grandes écoles de management sur le sujet, contrairement à ce qui se fait aujourd’hui en Chine. Cette ignorance nous prive de points de croissance.

Il faut inciter les professionnels de la propriété intellectuelle, les associations et organismes professionnels qui militent pour la croissance des PME, les fonds d’investissement, les assurances, tous ceux qui sont prêts à prendre des risques pour favoriser l’innovation et qui accompagnent la croissance de notre économie à engager une réflexion commune sur ce sujet.

Doter l’entrepreneur français de cet outil de conquête permettrait à nos 20.000 PME innovantes d’améliorer, comme aux États-Unis ou au Japon, leur performance internationale et leur croissance grâce au relais de financement qui manque aujourd’hui  : la propriété industrielle. Un bien faible effort de tous au regard d’un tel enjeu.

Auteur : YVES LAPIERRE EST DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’INPI.

Source : www.lesechos.fr


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