De l’Office des Inventions au CNRS : l’héritage oublié des inventeurs


Avant le CNRS, il y avait l’Office des Inventions. Et avant les grands laboratoires, il y avait les inventeurs.

Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), fondé le 19 octobre 1939, est aujourd’hui l’un des plus grands organismes publics de recherche au monde. Il incarne l’excellence scientifique française, la recherche fondamentale, et la coordination des laboratoires à l’échelle nationale. Mais cette institution n’est pas née ex nihilo. Elle est l’aboutissement d’un long processus, amorcé bien avant la guerre, et dont les racines plongent dans une autre vision de l’innovation : celle des inventeurs de terrain.

L’Office des Inventions : Un outil au service du peuple

Dès 1915, en pleine Première Guerre mondiale, la France crée une Direction des Inventions intéressant la Défense nationale, pour recueillir les idées techniques des citoyens. Cette structure évolue en 1922 en Office national des recherches scientifiques et industrielles et des inventions (ONRSII), dirigé par Jules-Louis Breton. Son objectif : soutenir les inventeurs, valoriser leurs travaux, et rapprocher science, industrie et société.

L’Office organise des concours, des expositions, et même le célèbre Salon des arts ménagers, qui met en lumière les innovations du quotidien. Il agit comme un pont entre les idées individuelles et les besoins collectifs.

La naissance du CNRS : Une centralisation nécessaire, mais sélective

En 1939, sous l’impulsion de Jean Zay, Irène Joliot-Curie et Jean Perrin, l’État décide de créer une structure unifiée : le Centre national de la recherche scientifique. Son but est de “coordonner l’activité des laboratoires en vue de tirer un rendement plus élevé de la recherche scientifique”. Cette création répond à un besoin stratégique, dans un contexte de guerre imminente, mais elle marque aussi un tournant : la recherche devient plus institutionnelle, plus académique, plus centralisée.

Le CNRS hérite en partie des structures de l’Office des Inventions, mais il en abandonne l’esprit populaire. L’inventeur autodidacte, l’artisan ingénieux, le bricoleur éclairé — tous ceux qui formaient le cœur de l’innovation civile — sont peu à peu écartés du paysage officiel.

⚖ Une reconnaissance à rétablir

Il ne s’agit pas ici d’opposer deux modèles, ni de remettre en cause la légitimité du CNRS, dont l’existence est précieuse. Mais il est essentiel de rappeler que sans les inventeurs, sans les outils qui les soutenaient, le CNRS n’aurait pas vu le jour. L’Office des Inventions a préparé le terrain, structuré les premiers réseaux, et démontré que la recherche pouvait être un bien commun.

Aujourd’hui, alors que la recherche publique est financée par les citoyens, il est légitime de se demander : quelle place reste-t-il pour les inventeurs hors des murs ? Où sont les structures qui, comme jadis l’Office, accueillent les idées venues d’ailleurs ?

En mémoire d’un héritage vivant

Rendre hommage à cette histoire, c’est reconnaître que l’innovation ne naît pas toujours dans les laboratoires. Elle naît aussi dans les ateliers, les garages, les esprits curieux. Le CNRS est une réussite. Mais il est aussi l’héritier d’un monde plus ouvert, plus accessible, qu’il ne faut pas oublier.


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