De la recherche à l’industrie pharmaceutique

« Le premier objectif d’I2T-SA est d’examiner une part significative – entre 30 et 40 % – des brevets déposés par les laboratoires académiques afin d’assurer une mise en valeur de certaines de ces innovations. »

« La recherche académique française est à l’origine, chaque année, de plus de 150 brevets à orientation thérapeutique. Or une faible proportion seulement de ces inventions fait l’objet d’un début de développement », annonce d’emblée Bernard Pau, PDG de l’Institut d’innovations thérapeutiques (I2T-SA). C’est à partir de ce constat que celui qui dirigeait encore récemment le département des Sciences de la vie du CNRS a décidé de se lancer dans l’aventure de cette entreprise.

Créée en janvier dernier, elle a une mission bien précise : accroître, dans le domaine bio-pharmaceutique, le flux de transfert d’innovations du domaine public vers l’application médicale et industrielle. « Aujourd’hui, précise Bernard Pau, il est difficile de trouver des financements pour la maturation des innovations à potentiel thérapeutique issues de la recherche publique, que ce soit par la création d’une entreprise soutenue par le capital-risque ou par un contrat avec une société pharmaceutique. » En effet, le développement pharmaceutique est confronté à la grande complexité scientifique de son objet, le vivant, et aux exigences de sécurité qui encadrent légitimement l’accès des nouveaux médicaments au marché. Conséquence : il s’écoule une dizaine d’années entre le dépôt d’un premier brevet et la commercialisation d’un produit pharmaceutique, et la probabilité de succès à partir d’un stade d’invention très amont n’est pas supérieure à 1 %. La combinaison de ces délais importants et du niveau élevé de risque constitue un handicap certain pour l’accès à l’investissement et ce, alors que la demande en médicaments nouveaux ne cesse de croître ! « Actuellement, les sociétés pharmaceutiques connaissent des difficultés à satisfaire cette demande sur leurs seules capacités internes de recherche pourtant en augmentation, poursuit Bernard Pau. C’est pourquoi elles ont parallèlement désigné la recherche académique française comme un partenaire essentiel pour trouver de nouvelles voies pharmacologiques. Elle a d’ailleurs déjà fait preuve à plusieurs reprises de sa capacité à découvrir des médicaments innovants. »
Justement, I2T-SA proposera bientôt aux partenaires bio-pharmaceutiques d’excellentes innovations issues de la recherche publique. « Notre premier objectif est d’examiner une part significative, disons 30 à 40 %, du répertoire des brevets déposés par les laboratoires académiques afin d’assurer une mise en valeur de certaines de ces innovations identifiées, énonce Bernard Pau. Nous mettrons en place, en aval de cette détection, un double processus d’investissement financier et scientifique destiné à prendre en charge, en étroite coopération avec les laboratoires de recherche ainsi qu’avec les acteurs locaux de la valorisation, le développement de ces inventions jusqu’à l’approche des études cliniques chez l’homme. » En effet, au stade des études précliniques, les risques liés au développement pharmaceutique ultérieur des produits – jusqu’à l’autorisation de mise sur le marché pour certains – auront été substantiellement réduits. Ils pourront donc plus aisément être acquis par des partenaires à vocation industrielle, comme les sociétés de biotechnologie et les entreprises pharmaceutiques. Les domaines de prédilection d’I2T-SA seront l’oncologie et l’infectiologie. L’entreprise, qui vient de voir le jour grâce au soutien du CNRS, a donc d’ambitieux objectifs. Elle attend à présent le renfort d’autres établissements académiques de recherche et de partenaires privés pour réunir les moyens nécessaires à sa mission. À suivre !

Contact : Bernard Pau, I2T-SA, E-mail : bernard.pau@i2t-sa.com

Auteur : Fabrice Impériali

Source : CNRS