La fibre Lanciaux


ITINÉRAIRE D’UN PDG DEVENU GÉNIAL INVENTEUR.

Marc Lanciaux, ancien patron de France Cocktail mise sur les éco-matériaux.

Il est là, fine moustache et paletot, dans un vague hall de l’Agropole où l’on est venu hier discuter « opportunités de marchés et développement » entre patrons de PME, à l’invitation de l’agence régionale Innovalis. Inlassable promoteur des agro-matériaux, une palette de bois révolutionnaire sous le bras et un bout de panneau d’isolation en d’amidon dans l’autre main. Voilà Marc Lanciaux, 54 ans, génial inventeur, aussi discret que disponible depuis qu’il a posé pied en Lot-et-Garonne.

Jean François-Poncet, alors président du Conseil général, avait déroulé le tapis rouge à ce chef d’entreprise picard, dont l’usine d’apéritifs et canapés surgelés avait brûlé à Amiens en 1992. 140 personnes sur la paille, mais des tracasseries politico-administratives qui avaient fini par décourager le PDG de rebâtir là-haut. Va pour Agen, dont l’unité sera construite « en quatre mois de temps ». « J’avais fait venir par avion tous les salariés avec leurs conjoints. Trois ont suivi. » C’était le temps de France Cocktail, puis Pilpa-Traiteur, avec les locaux Jean-François Gardeil et Jean-Pierre Guignard pour associés, 80 salariés à l’époque. Racheté par Maison Boncolac, toujours sur la place. Suivront les Gourmandises de Fanny, les premières crêpes surgelées, entreprise pionnière dans la pépinière de l’Agropole. Rachetée par Tipiak.

« Créateur »

Marc Lanciaux n’avait pas tardé à abandonner la direction de l’une et l’autre. Ingénieur des arts et métiers de formation, plutôt « créateur », se décrit l’intéressé, pas vraiment industriel. Friand de transfert de technologies à l’heure d’élaborer son process industriel, le voilà qui prend la tête d’un cabinet d’ingénierie voué aux innovations agro-alimentaires, rompu aux récompenses.

De l’agro-alimentaire à l’agro-construction, il n’y a qu’un pas : l’amidon végétal, « 70 % de la farine », renouvelable chaque année à l’heure des récoltes. Source immense d’applications industrielles, l’amidon est écarté depuis l’avènement des produits fossiles. Plâtre allégé, film, mousse souple, etc. : Marc Lanciaux enchaîne les trouvailles dans sa petite « unité-pilote » de l’Agropole dont il préserve jalousement le secret et qui nourrit sa fibre écolo. Parce qu’il est « de la campagne », lui qui s’est installé à Layrac. « En 2000, on était encore des visionnaires. On avait des contacts avec de grands groupes industriels mais aucune réalité d’application à court terme. »

Palettes, gel incendie, etc.

À l’époque, il fallait raisonner biodégradable, guère plus, « on était loin de penser développement durable ». Les temps changent, Marc Lanciaux joint le geste à la belle parole, manie avec aisance bilans carbone et industrie : il a déposé des brevets mondiaux pour ses produits vedettes. Dont une gamme de palettes en bois, indispensables aux échanges commerciaux, mais pliables, six fois plus légères et capables de supporter 2 ou 4 tonnes. Une unité de production serait envisagée dans la région.

Images à l’appui, il y a aussi un incroyable « gel feu » à base d’amidon de pommes de terre, « sans aucun produit chimiquement modifié », qui retient l’eau et agit comme une couche protectrice sur les biens en proie aux flammes – un commandant landais s’y était intéressé le premier, les pompiers s’apprêtent à l’utiliser. « On rentre directement dans la réalité », fait Marc Lanciaux. L’inventeur sourit, satisfait, modeste.

Auteur : Daniel Bozec

Source : www.sudouest.com


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