S’il n’en tenait qu’à Jean Longpré, un inventeur de Sherbrooke, le béton-chrysotile serait utilisé dans la plupart des infrastructures routières, ce qui leur assurerait une résistance et une durée de vue accrues, affirme-t-il.
«Au Québec, les ponts ont une durée de vie de 35 ou 40 ans. En intégrant le chrysotile au béton, nos infrastructures auraient une durée de vie prolongée et résisteraient davantage aux microfissures», soutient M. Longpré.
« Avec le bannissement du chrysotile (notamment en Europe), on a eu recours aux fibres de remplacement (fibre de verre, fibres synthétiques, etc.), mais elles ne correspondent pas aux critères de flexibilité et de compression, qui sont deux éléments importants dans une structure de béton», ajoute-t-il.
Jean Longpré
Un autre produit à base de chrysotile, le cryso-béton, est toutefois utilisé en Asie et en Afrique pour les toitures et les conduites.
Au cours de ses recherches, l’inventeur dit être parvenu à intégrer la fibre chrysotile au béton et à l’enrober autour d’armatures métalliques, comme celles utilisées dans les infrastructures routières.
«C’est ce qui fait que le produit est plus fort. L’autre avantage de la fibre chrysotile est qu’elle absorbe le ciment, alors que les autres fibres enduisent le ciment. Il n’y a que moi qui maîtrise cette technique», mentionne M. Longpré, qui a œuvré dans le domaine de la construction.
«L’important est d’amener la fibre chrysotile à s’amalgamer de façon homogène au béton», ajoute-t-il.
Seule ombre au tableau: son produit n’est pas homologué et ne peut donc figurer sur la liste des matériaux que peuvent utiliser les entrepreneurs routiers.
De plus, l’inventeur dit ne pas avoir pu obtenir d’aide pour financer des tests afin de démontrer que son produit est valable.
«Les politiciens parlent de l’asphalte-chrysotile, mais le béton-chrysotile existe aussi! Il faudrait amener le gouvernement fédéral à inclure cette fibre dans les cahiers de charge pour les grands travaux d’infrastructure», plaide M. Longpré.
Ce dernier estime en outre que le développement du béton-chrysotile permettrait de créer des centaines d’emplois dans la région, alors que le gouvernement fédéral investit massivement dans la revitalisation des infrastructures.
Il reproche aussi à Développement économique Canada de ne pas soutenir adéquatement les inventeurs comme lui.
M. Longpré a d’ailleurs reçu l’appui du député du Bloc québécois de la circonscription de Sherbrooke, Serge Cardin.
Dans un communiqué émis il y a peu, M. Cardin reproche au député conservateur de Mégantic-l’Érable et ministre des Travaux publics, Christian Paradis, de ne pas s’intéresser au produit de l’inventeur sherbrookois, même s’il se dit favorable au chrysotile.
«Christian Paradis parle beaucoup du chrysotile, mais quand vient le temps de lier ses paroles à des gestes concrets, il a tendance à devenir invisible», écrit notamment M. Cardin.
Auteur : Denis Dufresne, La Tribune
Source : www.cyberpresse.ca