Il a passé ses quatre-vingts printemps. Mais ne nous y trompons pas. Pierre Andreucci a gardé toute son énergie et sa soif de découvertes. Au point de remporter fin avril la médaille d’or du salon international des inventions de Genève.
D’autres en feraient des tonnes. Lui non. Après une carrière d’ingénieur au CEA, il a plus la tête ailleurs que dans les honneurs.
Pourtant, il faut imaginer, la scène : 528 exposants rassemblés à Genève, 19 pays représentés. Dans la catégorie « protection de l’environnement – énergie », ils étaient 74 à concourir, pourtant l’invention de Pierre Andreucci a fait l’unanimité. Et pour cause.
L’herbier des poissons
Il a découvert les exceptionnelles vertus isolantes d’une herbe marine : la posidonie oceanica.
En raison des luttes écologiques, chacun la connaît pour ses vertus nutritives, elle est l’herbier des poissons. Mais on ne savait pas qu’une fois morte et déposée en quantité sur nos plages de sables (elle forme des tapis appelés « banquettes »), elle révèle une autre vertu : celle d’absorber la chaleur.
Après deux ans de travaux dans son petit laboratoire installé chez lui sur la Rive-Sud, Pierre Andreucci vient de mettre au point, à partir de la posidonie, un produit promis à un grand avenir. Ses qualités sont tout simplement exceptionnelles pour servir de base à un matériau isolant qui « sans adjonction d’éléments chimiques possède des qualités d’isolation qui le placent parmi les meilleurs isolants connus aujourd’hui, tout en étant ininflammable et imputrescible », souligne l’ancien ingénieur au CEA.
Connu au temps de Gênes
Chercheur passionné – tout autant qu’il l’est de sa Corse – Pierre Andreucci raconte l’histoire de cette trouvaille.
Elle naît dans les années 80. « Un ami avait découvert dans une tour génoise, sous le plancher, tout un tapis de posidonies séchées qui visiblement servait à isoler la pièce. Il avait été étonné par leur état remarquable de conservation et m’en avait parlé pour que je fasse des recherches si je le souhaitais ».
Les qualités de l’herbe marine étaient donc connues par les anciens, il y a cinq siècles… avant d’être oubliées. Deux décennies passent depuis la découverte de la tour génoise, mais Pierre Andreucci garde l’information en mémoire.
Et puis il se décide à en avoir le cœur net. Sans l’aide d’une structure, il engage ses propres recherches. Et découvre que les vertus isolantes de la posidonie dépassent toutes ses prévisions. Après dix-huit mois de mise au point, il parvient à bâtir un matériau baptisé « Corsica iso » dont les qualités sont égales – et même supérieures – à l’amiante ou le liège. « Les résultats obtenus par mes recherches ont été confirmés par un laboratoire de Bâle en Suisse reconnu au niveau international pour sa haute compétence », prend-il soin de préciser.
La découverte brevetée
L’innovation est désormais brevetée à l’INPI sous le titre de « Nouveau matériau à base végétale ».
Pour valoriser cette découverte, Pierre Andreucci a créé une entreprise SARL Energia et envisage de créer une unité industrielle dans le Var ou les Alpes-Maritimes – les réserves insulaires de posidonies étant insuffisantes. Aujourd’hui, Pierre Andreucci et son entreprise ont l’intention de poursuivre les études sur le produit à travers un service « Recherches et développement » afin d’améliorer ses performances et de l’adapter à des demandes spécifiques. C’est une nouvelle aventure qui commence. Grâce à Pierre Andreucci, la Corse y tiendra le premier rôle.
Auteur : Henri Nicolai
Source : www.corsematin.com
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