Prise de conscience générale ou simple hasard du calendrier ? La semaine en tout cas aura été marquée par l’attention portée par les plus hautes institutions du pays pour venir en soutien aux PME dans la bataille de l’innovation et des parts de marché sur le marché mondial.
Ce jeudi 17 novembre, fêtant le troisième anniversaire du Fonds stratégique d’investissement (FSI), Nicolas Sarkozy a annoncé la création d’une annexe régionale de l’incubateur doté d’une enveloppe de 350 millions d’euros et qui « aura pour rôle d’accompagner les PME dans leurs recherches de financement, de financer parfois directement leurs projets et d’identifier enfin les rapprochements possibles en vue de favoriser la création d’entreprises de plus grande envergure qui manquent à notre tissu industriel. » Au passage, le président de la République a également souhaité que « l’action des différents organismes d’appui au financement des entreprises soit mieux coordonnée », notamment avec Oseo. Au total, 1,5 milliard d’euros issus des fonds d’épargne devraient être affectés au FSI, ce qui porterait l’enveloppe totale des ressources supplémentaires pour l’investissement des PME à 3 milliards d’euros.
Lundi 14 novembre, c’était Alain Fuchs, le patron du CNRS, qui annonçait que le premier organisme de recherche français cédait mille de ses brevets aux PME innovantes. Grande première en France : plutôt que de conserver un portefeuille dormant de ses inventions protégées (ce qui lui coûte au passage la bagatelle de 17 millions d’euros par an !), l’organisme public a décidé de privilégier les petites structures qui veulent conquérir des parts de marché à l’international. Concrètement, via les chambres de commerce, les structures d’Oseo, des chargés d’affaires des pôles de compétitivité…, le CNRS fera connaître les inventions qui attendent un développement industriel. Pierre Gohar, le monsieur transfert au CNRS, assure que la publication interviendra avant la fin de l’année 2011. Chaque entreprise intéressée sera visitée, les négociations ne devraient pas durer plus de trois semaines, un programme complémentaire de recherche indispensable à la réalisation du procédé sera monté, éventuellement l’organisme donnera un coup de main à la recherche de financement. Ce travail qui devrait durer entre 12 et 24 mois aboutira au dépôt d’un nouveau brevet qui appartiendra à l’entreprise, qui pourra donc le compter comme un actif. La cession s’opérera à un coût minime ; le cas échéant, il appartiendra à la PME et à l’inventeur de s’entendre sur une redevance ou un intéressement. Toujours selon Pierre Gohar, il s’agit de créer un « cercle vertueux », la cession initiale du brevet débouchant sur de nouvelles recherches qui déboucheront sur de la création de valeurs. Prudents, les dirigeants du CNRS se refusent à fixer un objectif. On peut raisonnablement penser que cette initiative portera quelques fruits.
Cette action en amont peut effectivement rencontrer le dispositif Innovex mis en place par UbiFrance pour favoriser les prises de contact avec les opérateurs étrangers sur place. Et l’on pourrait sans doute chercher dans les structures mises en place pour aider l’innovation des PME et leurs exportations des raisons d’espérer. Mais cette mobilisation générale suffira-t-elle à enrayer la désindustrialisation du tissu économique et la piteuse situation de notre commerce extérieur ?
Ainsi, si le tissu industriel allemand – le fameux Mittelstand – représente 40 % des exportations du pays, et les PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) italiennes comptent pour plus de 60 % des exportations italiennes, la part des exportations des mêmes PME et ETI en France s’élève seulement à 24 %. Environ 2 550 000 entreprises, toutes tailles confondues, existent en France, contre 2 900 000 en Allemagne, et 4 000 000 en Italie. De façon générale, tout le monde s’accorde sur ce constat, nos PME sont freinées dans leur développement à l’international par leur taille et leur capacité d’innovation. Selon une étude de 2009 du ministère de l’Économie, une fois installées à l’étranger, 30 % d’entre elles ne parviennent pas à conserver plus d’un an leur marché. Il faut donc que leur brevet « tienne la route ». D’où l’importance du choix qu’opérera le CNRS.
Source : www.lepoint.fr
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