François Hussenot est l’inventeur de la boîte noire


Ingénieur prodigieux et prodigieusement oublié, le Macérien François Hussenot a inventé, dans les années quarante la fameuse boîte noire, présente aujourd’hui dans tous les avions. L’un de ses prototypes entrera bientôt au musée de l’Ardenne.

La plus belle récompense pour un inventeur n’est-elle pas de disparaître derrière son invention ? Injustement méconnu, François Hussenot mérite pourtant de sortir de l’oubli.

Sa carrière a été fulgurante. Né à Mézières en 1921, mort trente-neuf ans plus tard dans un crash, l’ancien élève de l’Institution Saint-Rémi de Charleville, entré à Polytechnique à 18 ans, a donné sa vie à l’aéronautique, à qui il a offert l’un de ses outils les plus modernes : la boîte noire*.

François_Hussenot

Dans l’une de ses chroniques, Yanny Hureaux ressuscitait « l’enfant génial de Mézières », ce fils d’un notaire de Rocroi, qui ne pouvait créer (et procréer !) qu’à un rythme soutenu.

Ainsi, tandis qu’il donnait naissance à neuf enfants, il redoublait d’efforts pour perfectionner l’aviation.

Hussenographe englouti par les dunes

À 23 ans, le jeune pilote diplômé de l’École nationale supérieure de l’aéronautique, entre au Centre d’essais de Villacoublay. De 1935 à 1939, il consacre ses recherches à la mise au point d’un enregistreur de vol performant. Jusqu’ici, il fallait piloter d’une main et noter les paramètres de vol de l’autre, sur une feuille qui, bien souvent, brûlait en cas de crash !

En 1939, enfin, un premier prototype de boîte noire voit le jour. Cet « enregistreur multiple A 11 », rebaptisé « hussenographe », connaît une fin prématurée. En juin 1940, craignant que les Allemands ne s’en emparent, l’ingénieur en poste en Aquitaine décide de cacher sa machine… dans les sables des dunes du bassin d’Arcachon. Lesquelles, sans cesse mouvantes, vont se charger d’engloutir à jamais le précieux appareil !

À la fin de la guerre, l’aviateur reprend donc ses recherches.

En 1947, il fait breveter une nouvelle boîte noire, qui projette sur une pellicule (d’où son nom), des paramètres comme la vitesse, l’altitude, les vibrations, les températures, etc.

Invention exceptionnelle, la boîte noire ne tarde pas à être fabriquée en série et procure à « l’enfant génial de Mézières » une renommée internationale.

Ouvrages après ouvrages, conférences après conférences, celui qui multiplie les vols d’essais et les brevets (une douzaine à 35 ans !), devient une référence.

Fin tragique

Jusqu’à cette fin tragique : le 16 mai 1951, à 39 ans, un banal vol d’essai dans le Tarn arrache aux Ardennes l’un de ses plus grands inventeurs.

Près de soixante ans plus tard, alors que la boîte noire équipe aujourd’hui tous les avions (le principe photographique a fait place à l’électronique puis au numérique), Charleville-Mézières s’apprête (enfin) à honorer la mémoire du génial inventeur. À la demande d’un de ses enfants, Rémi Hussenot, et par l’intermédiaire du Dr Monseux, Ardennais d’adoption, le musée de l’Ardenne devrait présenter, d’ici quelques mois, l’un des prototypes conçus par le Macérien.

Conservateur du musée, Alain Tourneux s’est engagé à « mettre en valeur cette invention ardennaise, qui a toute sa place chez nous ».

* En fait, de couleur orange pour être plus facilement repérable dans les débris… Une idée de François Hussenot, qui peinait à retrouver ses premières boîtes, vraiment noires, lors d’accident.

Auteur : Guillaume LÉVY

Source : www.lunion.presse.fr


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