Il y a quelques jours, le géant américain Facebook annonçait avec grand bruit son choix de créer à Paris un laboratoire d’intelligence artificielle -le Facebook Artificial Research (FAIR). De leur côté des entreprises françaises, comme AXA, ont décidé d’ouvrir des pôles d’innovation dans la Silicon Valley, eldorado californien des innovateurs et des startups… Un paradoxe qui révèle un mode de pensée et de fonctionnement ayant cours dans notre pays et qui pourrait bien lui porter préjudice s’il n’évolue pas rapidement. Trop de groupes et d’institutions français gardent irrémédiablement la tête tournée vers l’autre côté de l’Atlantique, habitées par le « rêve américain », et font fi des ressources offertes ici, laissant à d’autres -qui ont bien raison- le soin d’en profiter.
Le réseau social le plus puissant au monde n’est pas le seul à miser sur la France « pour sa concentration de talents dans le domaine de la recherche en informatique et en intelligence artificielle », comme l’affirme son directeur technique, Mike Schroepfer. Le partenariat passé en février dernier entre Cisco et le gouvernement français, est aussi une preuve de ce phénomène. Le CEO du leader de l' »Internet of Everything », John Chambers, ne paraît plus jurer que par la France dont il admire l’esprit entrepreneurial et dont il loue le savoir-faire en matière de high-tech. Pour de nombreuses entreprises étrangères, notre pays est « the next big think ». Dommage que la France ne soit pas elle-même capable d’anticiper ni même d’envisager un tel scénario. C’est un peu comme si le dernier pays à croire en la capacité d’innovation de la France était la France elle-même. Et ce n’est pas nouveau…
La France est une terre historique de création. C’est en France que sont nés la photographie, le cinéma, la carte à puce, le minitel… Pourtant, aucune de ces inventions n’a véritablement été développée ici, à tel point que personne ou presque ne sait qu’elles sont françaises. En cause notamment, notre incapacité à reconnaître la valeur de la création, notre difficulté à franchir le pas qui va de l’idée à son développement, nécessitant de passer du côté de l’économie et de la finance -un vrai problème en France-et notre modèle d’organisation très cloisonné n’offrant pas assez d’occasions de collaboration entre les métiers. Comment se fait-il que BlaBlaCar, startup française à l’origine d’une véritable rupture, soit allée réaliser sa levée de fonds à Londres? Il faut se poser la question d’un écosystème permettant de déployer et de faire grandir les projets en France. Car, de toutes évidences, il ne semble pas vraiment exister et il n’existera pas tant que les grands acteurs français ne jureront que par San Francisco et ses startups pour amplifier leur développement digital!
Il n’est plus possible qu’en France un entrepreneur mette des mois à trouver la « bonne personne », celle qui est mesure de l’aider, ou qu’il renonce à son projet faute d’avoir pu la rencontrer. Tout cela a assez duré! La France a peut-être d’excellentes bases pour entrer dans la course à l’innovation -on connaît la réputation de nos développeurs recherchés pour leur maîtrise exceptionnelle du numérique- mais elle n’est pas bien positionnée pour finir en tête ni même, peut-être, pour la terminer si elle ne remet en question certains de ses principes de fonctionnement, qu’ils soient culturels, institutionnels, administratifs, économiques…
Notre pays doit apprendre rapidement à valoriser les idées, à les développer, à en « aire du business » sans rougir, à briser les silos professionnels, sous peine de se priver de sources inouïes de croissance. Il s’agit de créer un lien simple et permanent, qui n’existe pas aujourd’hui, entre les innovateurs et les chefs d’entreprises, les décideurs politiques, les acteurs économiques et financiers, le monde culturel… C’est cette ambition que portent Les Napoleons* avec la création d’un réseau unique, à la fois physique et numérique, qui permette à tous les créateurs d’entrer en relation et de collaborer avec ceux qui, issus d’autres univers, peuvent apporter l’énergie nécessaire à la concrétisation, l’amélioration, l’accélération de leurs projets.
Un développant une structure comme celle des Napoleons, qui est à la fois une « fabrique » à idées, un « facilitateur » et un « accélérateur » de projets, on peut envisager de donner naissance à de belles réussites entrepreneuriales mais aussi de faire émerger un modèle d’innovation « à la française », capable de se démarquer des modèles existants. Oui, il existe une place sur la scène internationale pour une innovation tirant parti de notre histoire, de notre culture, de nos savoir-faire à condition de se libérer de nos jougs et d’arrêter de courir après le modèle américain ou israélien.
Napoléon qui aimait profondément la France et qui avait l’ambition de la faire rayonner disait que « l’imagination gouverne le monde ». Il savait le pouvoir de l’imagination et la capacité de la France à imaginer. Soyons aussi ambitieux et confiants que l’était celui qui a fait de la France une des plus grandes puissances mondiales. Donnons vite à nos idées le terreau nécessaire à leur développement sur notre territoire !
Les Napoleons sont le 1er réseau physique & digital mettant en relation les acteurs de l’Industrie des Communications (technos, telco, média, production de contenus, marketing, publicité, objets/ville connectés, mobilité…). Ce réseau regroupe plus de 1000 membres au sein de l’Innovative Communications Academy et touche déjà plus 10.000 personnes du monde de l’innovation. Les Napoleons sont parrainés par le ministère de la Culture et de la Communication, et organisent à Arles, du 22 au 24 juillet 2015, la 2e édition de ses Innovative Communications Summits. Cette summer session est dédiée à l’impact des technologies sur le monde des arts et de la culture.
Auteurs : Mondher Abdennadher & Olivier Moulierac
Source : www.huffingtonpost.fr