Article de presse

Aux Mines de Nantes, un incubateur doublé d’une leçon d’optimisme


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Frédéric Pallu, directeur de l’incubateur des Mines de Nantes

Aux déclinistes, défaitistes et pessimistes de tout poil, à tous ceux (ils sont nombreux) qui ont perdu foi en l’avenir, on ne saurait trop conseiller la visite d’un incubateur – et particulièrement de celui de l’École de Mines de Nantes. Un de ces lieux, comme il en existe désormais des dizaines en France, où sont hébergées et « couvées » les jeunes entreprises en gestation. C’est là que se peaufinent les innovations qui vont (peut-être) changer notre société et notre économie. C’est là que se préparent les entreprises, et donc les emplois et les richesses de demain. Autrement dit, il s’agit d’un enjeu majeur pour le développement économique.

Opérationnel depuis 2012, l’incubateur des Mines de Nantes a déjà permis la naissance d’une vingtaine de start-up, dont deux au moins ont connu de très belles réussites. Il accueille aujourd’hui seize « jeunes pousses ».

Cet incubateur présente un certain nombre de caractéristiques propres. D’abord, il est implanté sur le site même de l’école d’ingénieurs, dans l’ancien bâtiment de la Drire, où il dispose de 3.000 mètres carrés de locaux. De quoi permettre aux porteurs de projet d’être en contact régulier avec les enseignants-chercheurs, et de bénéficier au besoin de leur aide. De quoi, surtout, favoriser les échanges avec les élèves eux-mêmes, qui sont parfois accueillis comme stagiaires et découvrent ainsi la vie et l’ambiance d’une start-up – une façon de les « sensibiliser » à la création et à l’innovation. La junior entreprise, Mind, est également présente dans les locaux.

Ensuite, l’incubateur nantais ne se contente pas d’offrir aux porteurs de projet un hébergement peu onéreux – voire gratuit durant les trois premiers mois (la période dite du « bac à sable »). Il leur propose une large gamme de prestations : accès aux réseaux (internet, téléphone) et aux équipements de l’école (cafétéria, restaurant), mais aussi formations commerciales ou juridiques, conseil, accompagnement sur mesure… L’incubateur fonctionne en outre en liaison avec la douzaine d’écoles nantaises. Il collabore aussi avec l’autre incubateur nantais, celui de Centrale-Audencia, et avec Atlanpole, structure locale de développement. Autrement dit, c’est tout l’écosystème de création et de d’innovation des Pays de Loire qui est mobilisé au service des créateurs.

« L’une des missions de l’école, rappelle Frédéric Pallu, directeur des relations entreprises et « patron » de l’incubateur, est de contribuer au développement économique local. C’est ce que nous faisons avec cet outil. »

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Le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, a visité l’incubateur et rencontré les porteurs de projet au printemps dernier. A sa droite, Anne Beauval, directrice de l’EMN.

S’il est largement ouvert aussi bien aux diplômés de l’école qu’aux enseignants-chercheurs et aux porteurs de projet venus de l’extérieur, l’incubateur se focalise uniquement sur les thématiques chères à l’EMN : l’environnement, l’énergie, les nouvelles technologies. Les autres types de projet sont orientés vers d’autres structures. L’incubateur garde ainsi sa « cohérence » et évite de trop se disperser.

T-shirts, blue-jeans et baskets sont la tenue de travail la plus répandue pour ces créateurs. Certains ont à peine vingt ans ; quelques-uns, plus expérimentés, frôlent la quarantaine. Ils planchent sur des projets très divers, souvent étonnants, parfois vraiment décoiffants. Leur point commun : un enthousiasme communicatif, doublé d’une maturité étonnante, même chez les plus jeunes. L’incubateur nantais offre ainsi un concentré de dynamisme, de talent et d’énergie, propre à regonfler le moral des plus dépressifs. Une véritable ruche, où les créateurs échangent, discutent, confrontent leurs idées et les font « pivoter » (autrement dit évoluer) en fonction des opportunités.

En outre, cet incubateur va prendre une nouvelle dimension avec la fusion prochaine de l’école avec Télécom Bretagne, qui dispose déjà d’incubateurs à Brest et Rennes.

Voici quatre exemples d’entreprises incubées aux Mines de Nantes :

-Quaidesapp travaille sur des applications mobiles utilisant la 3D et la réalité augmentée, pour proposer notamment des supports d’aide à la vente, d’éducation ou des outils destinés à « enrichir » des événements culturels (expos photo, par exemple). L’équipe réunit un Polytechnicien, un chercheur des Mines de Nantes et… un professeur de musique. Accompagnée par BPI-France, elle compte déjà parmi ses clients plusieurs grands groupes.

-Cosling est une société de services qui planche sur les prises de décision complexes, la planification et l’ordonnancement des tâches. Elle propose notamment des actions de formation, de conseil et de mise en place d’un logiciel d’aide à la décision. Cosling a été créée par deux docteurs, dont l’un a reçu le prix de la meilleure thèse en intelligence artificielle.

Sensor Wake est un projet de réveil olfactif connecté. Conçu par un jeune inventeur nantais, Guillaume Rolland (19 ans), il diffuse des parfums (de café, de croissant, d’embruns…) qui réveillent l’utilisateur grâce à un système de capsules échangeables. Sensor Wake a déjà enregistré 200.000 « pré-commandes » et collecté 200.000 euros de financement participatif auprès de plus de 1.500 donateurs. Le projet a été retenu parmi les 15 meilleures innovations de l’année au concours Google Science Fair.

-Enerdigit propose un système de réseau « intelligent » d’électricité, permettant aux abonnés de bénéficier d’une énergie à coût réduit, grâce à l »‘effacement » de certains acteurs à certains moments.

Mais il faudrait aussi citer Mobidys (livre numérique pour dyslexiques et publics souffrant de troubles de l’apprentissage de la lecture, AxeLife (appareil de mesure de la rigidité artérielle, permettant de détecter les risques cardiovasculaires), Data For People (gestion des « remontées » clients pour promoteurs, syndics et collectivités locales), Jymeo (comparateur de prix des pneus, présent dans plus de 15 pays), Ai4R (appareil d’imagerie médicale utilisant de nouvelles molécules, à partir d’un transfert de technologie du laboratoire Subatech de l’école), et tous les autres projets…

Que retenir de cette visite ? Que tous ces porteurs (et « porteuses ») de projet sont aussi porteurs d’un message : celui d’une grande confiance en l’avenir, dans un contexte économique pourtant peu favorable. Ensuite, l’extrême diversité des projets, qui sont en outre à des stades d’avancement différents. Enfin, qu’il est urgent que la société et ses représentants, les politiques, se décident à soutenir davantage des initiatives comme les incubateurs d’écoles et à accorder un soutien massif aux créateurs d’entreprise qu’ils hébergent. Même si tous leurs projets ne réussissent pas, ce sera de l’argent public bien utilisé.

Source : focuscampus.blog.lemonde.fr

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