Article de presse

Siemens veut favoriser « l’esprit start-up » chez ses salariés


Le géant industriel allemand a créé un fonds de 100 millions d’euros pour porter les projets de ses salariés. Une façon de favoriser la culture de l’innovation en interne.

Le président de Siemens, Joe Kaeser, a présenté ce mardi la stratégie innovation du groupe de technologies au musée technique de Munich. Un lieu bien choisi car il abrite le buste de Werner von Siemens, l’ingénieur né il y a bientôt deux cents ans et qui a été aux sources du groupe éponyme, en étant l’inventeur d’un appareil de télégraphie datant de 1847. Une nouveauté révolutionnaire à l’époque, dont la version contemporaine se retrouve en particulier chez ces start-up qui éclosent dans la Sillicon Valley. Dans le même esprit, le géant allemand de l’industrie a annoncé vouloir favoriser en interne la culture de l’innovation à la façon d’une start-up.

Concrètement, le fabricant de trains, d’éoliennes, de turbines électriques et autres systèmes intégrés de production veut créer une unité interne baptisée « Innovation AG » pour permettre la promotion de projets d’avenir. Sélectionnés à partir d’idées pouvant venir des salariés du groupe, ces projets seront menés en parallèle, voire même concurrents, à d’autres travaux de recherche-développement en cours. Par ailleurs, Siemens se dote d’un fonds de 100 millions d’euros sur une période de trois ans pour apporter un support financier aux porteurs de projets, qui ainsi n’auront pas à faire appel à des financements externes. 10 millions d’euros seront déjà attribués cette année en Allemagne. Une initiative saluée par certains analystes, qui se demandent néanmoins combien de temps il faudra pour que celle-ci pénètre les arcanes d’un groupe comptant 340.000 employés dans le monde.

Soutien syndical

Le comité d’entreprise de Siemens et le syndicat IG Metall ont publié un communiqué indiquant tout le bien qu’ils pensaient d’un concept de nature à renforcer la cogestion dans l’entreprise et à garantir l’emploi sur les sites allemands. Tant de symbiose entre Siemens et le syndicat de la métallurgie n’allait pas de soi. Le munichois s’est plus souvent mis le personnel à dos ces dernières années, en lançant l’un après l’autre des plans de restructurations et en effectuant des désinvestissements dans des domaines jugés non stratégiques. La cession des appareils ménagers à Bosch en 2014 en est le dernier exemple.

Siemens veut désormais générer sa croissance future dans ses trois grands domaines liés à l’électrification, l’automatisation et la digitalisation. La faiblesse de ses performances dans les années passées réside en partie dans le fait que le groupe n’était pas assez innovant. Ses marges dans le secteur énergie sont inférieures à celles de concurrents comme GE ou ABB, qui ont amené des produits plus compétitifs sur le marché.

Un budget R&D gonflé de 300 millions d’euros

Joe Kaeser ne veut plus que le groupe reproduise les erreurs du passé, en ignorant des révolutions à venir. L’exemple le plus patent se situe dans les télécommunications : jadis parmi les leaders mondiaux, le groupe n’a pas suffisamment intégré les bouleversements liés à l’arrivée d’Internet et a dû se séparer avec pertes et fracas de la téléphonie. Aujourd’hui, le directoire du groupe dans le monde peut s’appuyer sur un comité consultatif installé début 2015, le STIC (« Siemens Technology & Innovation Council), qui le conseille dans ses grands choix technologiques d’avenir et qui est présidé par l’allemand Peter Gruss, ancien directeur de l’Institut Max Planck.

Siemens emploie 32.100 chercheurs dans le monde, dont 17.500 programmeurs informatiques. Le groupe veut encore gonfler cette année son budget de recherche-développement de 300 millions d’euros. Cela portera l’enveloppe annuelle à 4,8 milliards d’euros, soit 20% de plus qu’il y a deux ans. La part des dépenses de recherche par rapport aux ventes atteint ainsi près de 6% et doit demeurer à ce niveau à l’avenir, a déclaré Joe Kaeser.

Parmi ses plus importants projets d’infrastructures pour la R&D, le groupe va ouvrir un nouveau centre de recherche sur le site de l’Université technique de Munich, dédié entre autres à la sécurité informatique. Un autre centre sera établi en Chine avec 300 chercheurs qui se consacreront aux « nouvelles solutions numériques pour le marché chinois et pour les marchés internationaux ».

Auteur : JEAN-PHILIPPE LACOUR

Source : www.lesechos.fr

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