Laurent Jaunet était boulanger. Il est devenu inventeur. Sa dernière trouvaille fait le bonheur des éleveurs, mais il lui faut du blé pour la vulgariser. Rencontre.
À l’origine, Laurent Jaunet était boulanger. Il est devenu inventeur. Sa dernière trouvaille fait le bonheur des entraîneurs de chevaux et autres éleveurs. Il lui faut du blé pour la vulgariser.
Sur l’ensemble routier, quatre tonnes de foin s’apprêtent à partir. Ils sont destinés aux cracks de Jean-Michel Bazire, l’un des clients de la Ferme du Verger, une jeune pousse de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (Loire-Atlantique), dans le Sud-Loire, qui s’est lancée dans la purification du fourrage. Nettoyer le foin ou la paille ? Tiens donc… Le premier réflexe du néophyte incité à sourire et à vanner. Nettoyer le foin comme peigner la girafe ou compter les herbes de la pelouse. Grave erreur.
Un asthme de cheval
Le très sérieux journal L’Éperon évoque l’enjeu. Dans son numéro d’octobre il consacre un article aux affections respiratoires chez le cheval à même d’interrompre momentanément ou définitivement la carrière sportive d’un cheval. Il y est question de l’asthme équin, maladie aux origines multiples. « La réduction de la charge en poussières respirables reste la meilleure option pour traiter et prévenir les affections respiratoires de type inflammatoire », indique Anne Couroucé-Malblanc, auteur de l’article.
Laurent Jaunet veut développer une machine lui permettant de dépoussiérer le foin et de le reconditionner.
En guise de prévention, on peut, le plus naturellement du monde, mettre les chevaux au pré en évitant le foin, utiliser un stérilisateur pour des quantités somme toute limitées ou humidifier le fourrage, solution avec pas mal d’inconvénients.
Du pétrin au foin
Laurent Jaunet, gérant de la SARL La Ferme du Verger, planche sur la question depuis cinq ans. L’homme, boulanger de métier, au parcours pour le moins atypique, a la fibre inventive. Il est devenu démonstrateur chez un fabriquant de pétrin. Il a affiné ses connaissances et ses savoir-faire jusqu’à devenir expert en système de mélange et pétrissage. « Je détiens huit brevets comme coinventeur », précise-t-il.
Le saut du pétrin au foin est arrivé presque par hasard. Laurent Jaunet et sa compagne élèvent des chevaux. Elle, professeur d’hippologie, ne s’est pas privée de lui asséner quelques remarques sur la qualité du fourrage donné aux animaux. « Le foin et la paille sont de plus en plus poussiéreux avec les modes de productions actuels en round-baller ou big-baller de plus en plus compacts pour économiser sur les frais de transports. Cela favorise grandement la production de champignons, de mycotoxines et d’allergènes », assure l’ancien boulanger.
Sous l’un des hangars de sa ferme, le Géo Trouvetout a imaginé un système bien à lui. « Comme une ligne de fabrication de baguettes ou de croissants », s’amuse-t-il. Les gros round-ballers sont démêlés dans un épandeur à fumier reconverti. Le foin est débarrassé de ses poussières dans un espace fermé. Il est reconditionné en bottes et pesé à la sortie. Des huiles essentielles et autres adjuvants naturels sont ajoutés à la demande.
Des partenaires financiers
Au terme de tests opérés depuis trois ans, Laurent Jaunet a commencé à commercialiser les produits. Outre Jean-Michel Bazire, plusieurs drivers et éleveurs de gros calibre ont déjà adopté le produit. « Des éleveurs de lapins et des accouveurs sont aussi intéressés », précise l’inventeur dont l’objectif est d’abord et avant tout de développer des machines. « Nous voudrions dépasser ce stade et construire une unité fixe et une unité mobile. Les plans sont prêts, mais il me faut trouver des partenaires, financiers ou industriels. »
La jeune société a déjà décroché un trophée de l’innovation. La Région lui a accordé un prêt et la BPI est disposée à lui donner un coup de main. Quant à L’Éperon, il préconise le système…
Auteur : Thierry BALLU
Source : www.ouest-france.fr