On vante la créativité des Français tout en regrettant que ce soit trop souvent des entreprises étrangères qui exploitent nos inventions : le manque à gagner est considérable ! Une entreprise dont les salaires représentent 42 % des ventes, qui investit 3 % de ses ventes en recherche et développement, capitalise environ une fois et demie son chiffre d’affaires. Un euro de recherche génère donc 14 euros de salaires et 50 euros de valeur. Si notre pays exploitait ses inventions, notre PIB par tête serait sur le podium mondial.
On commence à comprendre qu’avec nos charges sur le travail et notre fiscalité frappant à la fois l’entreprise et le capital, tirer les fruits d’une invention sur le territoire national est devenu très difficile.
Si le sujet concerne notre fiscalité, notre éducation à elle aussi sa partie à jouer. Nos chercheurs universitaires travaillent trop souvent sur les problématiques éloignées des besoins de l’économie ; ils passent à côté de sujets passionnants et privent les universités de royalties qui représentent jusqu’à 30 % du budget de leurs consœurs américaines, qui, elles, travaillent en symbiose avec les entreprises.
Il faut également impliquer le lycée et développer l’apprentissage, considéré ici en France comme filière second choix. Chez nos voisins, la filière technologique croît beaucoup plus vite que la filière générale ; le contenu des cours y est décidé sur le terrain, en fonction des besoins techniques rencontrés par les entreprises. Cela rend les étudiants en apprentissage beaucoup plus attractifs, permet aux entreprises de bien mieux les payer et monte le niveau technologique du pays. Rappelons que le chômage des jeunes en Suisse, pays champion de l’apprentissage, est tombé sous les 2,6 % (contre 3,3 % en moyenne pour le pays !).
Le jour où l’école et l’université auront compris que leurs intérêts sont en harmonie avec ceux de l’entreprise et qu’ils peuvent faire progresser le niveau technologique du pays, on peut prédire que le plein-emploi et la prospérité reviendront.
Auteur : Xavier Fontanet, professeur de stratégie à HEC – Source : www.lesechos.fr