Bataille autour de la propriété intellectuelle


Piratage . Le gouvernement lutte sur le terrain de l’information, de la répression et de la coopération européenne.

À tout moment, près de dix millions de personnes utilisent les réseaux « peer to peer » (P2P) pour échanger des fichiers par Internet, selon les sources de l’OCDE d’avril 2004. Plus de trois cents millions de fichiers musicaux illicites seraient accessibles sur ces réseaux, note pour sa part la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP). Chaque jour, c’est l’équivalent de trois milliards de chansons ou cinq millions de films qui transitent en toute illégalité sur les réseaux d’échange, constate une étude CacheLogic (leader des études de trafic sur les réseaux P2P). Des chiffres qui, loin d’êtres figés, sont en constante évolution.

Des constatations amères pour les multinationales de la culture, mais qui montrent à quel point le peer to peer continue sur sa lancée en donnant à chacun les moyens de s’approprier les richesses culturelles disponibles sur Internet. On assiste à la baisse des créations, ont expliqué les différents intervenants de la récente conférence « Contrefaçon, piraterie numérique : état des lieux, risques et enjeux pour demain » réunie à l’initiative du Comité national anti-contrefaçon (CNAC), de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), et de l’Union des fabricants. Présent aussi, François Loos, ministre délégué à l’Industrie, a commenté la situation et annoncé la lutte du gouvernement sur les trois terrains de l’information, de la répression et de la coopération entre les États. En clair, une plus grande répression à l’encontre des adeptes du P2P, qualifié non sans raisons par beaucoup de gens de « véritable avancée démocratique ».

Le piratage numérique, c’est une résultante de la révolution Internet. Selon François Loos, le marché des produits contrefaits représente aujourd’hui 10 % du commerce mondial. Cent trois millions de produits contrefaits ou piratés ont été saisis dans l’Union européenne en 2004. Soit une augmentation de plus de 12 % par rapport à 2003 et de 1 000 % par rapport à l’année 1998. Premier visé, à tort ou à raison : Internet et ses réseaux P2P. Pour les professionnels, les chiffres sont là. On estime qu’en France, environ seize millions de titres de musique et un million de films sont échangés chaque jour. Soit, en volume, trois fois les ventes de disques et de vidéos. La vente musicale a enregistré une baisse de 15 % en 2003 et autant en 2004. À la valse des chiffres, on peut ajouter que plus du tiers des films sortis en salle sont partagés de façon illicite sur Internet. Le clou est enfoncé avec 92 % de ces mêmes films distribués sur Internet avant même leur sortie en vidéo. Les loups hurlent devant la menace sur les pratiques capitalistes et de marchandisation de la connaissance des « majors » du disque et du film et de leurs alliés. Pour eux, la lutte contre le piratage passe d’abord par l’appropriation des biens et la gestion des réseaux à des fins de profits. Et les suivre équivaut à entrer dans le monde de Big Brother.

Auteur : Fernand Nouvet

Source : www.humanite.fr


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