La révolution industrielle au XIXe siècle a sacré les inventeurs. La révolution numérique sacrera-t-elle les designers ? Le succès des produits d’Apple pourrait le laisser penser.
Tout comme la récente nomination de son designer star, Sir Jonathan Ive (il a été anobli en 2012), au poste de chef de la direction du design, créé spécialement pour lui. Autre signe qui va dans ce sens : le recours de plus en plus systématique aux méthodes du design (ou design thinking) par les organisations traditionnelles pour réinventer leur modèle d’affaires attaqué par le numérique. La mise en réseau du monde oblige à penser d’abord en termes d’usages et de services, et à aller chercher, pour répondre aux besoins, les technologies nécessaires. Et non plus l’inverse. Fini le temps où l’on mettait une belle peau à une technologie pour la rendre désirable.
« Dans dix ans, on ne dira plus que le designer est celui qui dessine une chaise, mais celui qui orchestre la complexité en utilisant tous les outils contemporains », prévient Antoine Fenoglio, designer, cofondateur de l’agence Les Sismo et commissaire de l’exposition « Invention/design, regards croisés », qui se tient au musée des Arts et Métiers, à Paris, jusqu’au 16 mars 2016. Celle-ci interroge le rapport entre inventeur et designer. Pendant longtemps, le design a surtout servi à ce que les bonnes idées des inventeurs profitent à tous et à chacun. Il va aujourd’hui bien au-delà. Comme chez Apple et Dyson, il peut être à l’origine des bonnes idées. Il s’adapte surtout à la complexité du monde contemporain et accompagne son évolution. Un nouveau type d’inventeur a ainsi émergé : le designer-entrepreneur, à l’instar d’Émile de Visscher, ingénieur-designer, concepteur d’une machine à recycler les déchets du polypropylène, The Polyfloss Factory, présentée dans l’exposition !
Auteur : Aurélie Barbaux
Source : www.usine-digitale.fr