Article de presse

POC 21, une colonie d’éco-inventeurs


Du 15 août au 20 septembre, le château de Millemont (Yvelines)  se transforme en start-up géante baptisée  POC21 . U n évènement organisé par Ouishare et OpenState qui rassemble douze équipes et une centaine personnes autour de la conception de solutions open source pour la transition énergétique.

« Ici, on vit avec des génies, glisse Mathieu, accoudé sur une planche de bois, le menton posé sur ses mains calleuses. Il y a des experts en ingénierie, en agriculture, des professionnels de l’opensource… On avance beaucoup plus vite sur nos projets parce qu’ils nous apportent des points de vue différents. »

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Mathieu travaille dans l’ancienne basse-cour du château de Millemont (Yvelines) reconvertie en atelier. Lui et deux autres membres du collectif FarmingSoul développent un prototype de vélo-tracteur capable de labourer, semer, biner et sarcler, en surface et à 5 centimètres du sol : le Bicetractor. Le but n’est pas de le vendre mais d’inventer un prototype open source et de former les agriculteurs à construire leur propre modèle.

« Sexy comme Apple, ouverts comme Linux »

Le Bicetractor et onze autres projets de solutions open source pour la transition énergétique ont été sélectionnés pour POC21, un workshop en marge de la COP21, la conférence des Nations Unies sur le climat qui aura lieu à Paris en décembre. POC21 est organisé par l’association parisienne Ouishare et la berlinoise Openstate mind.

Trente participants aux multiples nationalités sont accueillis au château de Millemont (Yvelines) du 15 août au 20 septembre. Vingt membres de l’organisation et quelque 50 « supporters » (des bénévoles) les accompagnent. Une auberge espagnole d’éco-innovateurs. Leur objectif final est de créer un catalogue type Ikea avec des objets durables « sexy comme Apple, mais ouverts comme Linux », comme aime le présenter les membres de l’organisation.

Les 12 projets :

Aker (États-Unis): Un kit en bois pour cultiver des fruits et légumes et élever des poules en ville. Ce projet a été développé par Aaron Makaruk et Tristan Copley Smith à Denver dans le Colorado.

SolarFlower (Royaume-Uni): Une éolienne verticale Do it yourself à 30 euros, fabriquée à partir de matériaux de récupération. La version actuelle est capable de délivrer 1 kilowatt avec un vent de 60 kilomètres heures. Le projet est porté par Daniel Connell.

Biceps Cultivatus (France) : Un meuble de cuisine qui combine culture aquaponique, conservation des aliments sans énergie, et transformation des aliments au moyen d’un robot mécanique, et compostage des biodéchets. Audrey Bigot, Valentin Martineau, Antoine Pateau et Yoann Vandendreissche sont à l’origine de ce projet.

Own Food (France) : Une serre semi-automatisée à assembler soi-même. Elle utilise les principes de l’aquaponie et de la permaculture. Une application mobile permet de suivre ses cultures.

Showerloop (Finlande) : Un système qui filtre l’eau en temps réel pour la réinjecter dans le pommeau, permettant de diviser par dix la quantité d’eau utilisée. Un prototype développé par Jason Selvarajan.

Nautile (Belgique) : Une bouilloire dont le design est inspiré de la nature pour minimiser sa consommation d’énergie. Le projet est mis au point par Guillian Graves et Michka Mélo.

Solarrose (France) : Un système de concentration solaire fabriqué à partir de miroirs qui captent les rayons du soleil et transformer leur chaleur en énergie thermique. Il a été conçu par l’association Open Source Écologie.

Open Energy Monitor (Royaume-Uni) : Un appareil électronique qui permet de suivre la consommation énergétique d’un bâtiment, son taux d’humidité et sa température. Les données sont accessibles via smartphone, tablette ou ordinateur.

Vélo M2 (Belgique) : Un ensemble de modules à ajouter au vélo-cargo modulaire XYZ Cargo développé par le collectif danois N55. Les deux premiers modules imaginés sont un mini-cinéma et un mini-fablab (muni d’une imprimante multifonction). Trois collectifs bruxellois sont à l’origine de ces modules.

SunZilla (Allemagne) : Un groupe électrogène dans lequel l’essence est remplacée par des panneaux photovoltaïques. Il peut se plier et se déplacer facilement. Quatre membres de l’association Bootschaft ont créé ce système.

Bicitractor (France) : Un tracteur à pédales adapté aux petites et moyennes exploitations. Il permet de labourer, sarcler ou biner la terre. Ce projet est porté par le collectif FarmingSoul.

Faircap (Espagne) : Un filtre antibactérien adaptable à n’importe quelle bouteille d’eau. Il est imprimable en 3D pour environ un euro. Le prototype a été conçu par Mauricio Cordova.

La basse-cour devient la « factory », les salons des espaces de « co-working »

L’immense bâtisse du château de Millemont (Yvelines), construite entre le XVIème et le XVIIIème siècle, et son parc de 50 hectares ont subi quelques transformations. Plus habitués aux tournages, celui de Marie-Antoinette de Sophia Coppola notamment, qu’aux évènements du type POC21. Des panneaux aux inscriptions noires et orange fluo, les couleurs de l’évènement, sont affichés un peu partout et rappellent la présence des participants. Ils indiquent les lieux et les règles du camp (recyclage, sécurité, tâches ménagères).

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Les habitants ont rebaptisé certaines pièces : l’ancienne basse-cour devient la « factory », les salons des « espaces de co-working » et l’orangerie la cantine. Lors d’une semaine d’installation avant le début de l’évènement, les organisateurs aidés des participants ont ajouté des douches, des toilettes sèches, une cuisine et deux campings.

Un panneau solaire alimente les campings

Un panneau solaire trône au milieu d’herbes hautes. Il est constitué de six parties rectangulaires. « Il alimente les deux campings », affirme Laurin Vierrath sourire aux lèvres, en désignant les lampes au sol. Avec trois autres étudiants allemands en ingénierie, il a développé SunZilla, un groupe électrogène alimenté par des panneaux photovoltaïques dépliable et open source bien sûr. « L’idée nous est venue lors de festivals de musique en plein air. Les groupes électrogènes diesel habituellement utilisés sont souvent très bruyants, demandent beaucoup de maintenance et polluent l’environnement, explique-t-il. On a construit le premier prototype en 2014, il a déjà fonctionné pour plusieurs évènements. »

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L’équipe de Sunzilla planche encore sur le business plan. En tout cas Milena Sonneveld, l’une des co-créatrice d’un autre projet, le vélo M2, a déjà des idées pour leur panneau solaire : l’associer à leur vélo modulaire.

Imprimantes 3D à disposition

On retrouve Milena devant l’atelier métal. La jeune fille belge coiffée à la garçonne s’extasie devant un petit sac plastique qu’un organisateur vient de lui donner. Il contient un maigre butin: une plaque d’aération, quelques attaches pour câbles et un disjoncteur. « J’ai passé la commande il y a quelques jours, j’en avais absolument besoin. Les organisateurs nous fournissent en matériaux et en outils », explique-t-elle. Les participants peuvent utiliser les scies, ponceuses ou imprimantes 3D mis à leur disposition.

Au total, Ouishare et Openstate ont mobilisé 1 million d’euros de budget, dont 250 000 euros en nature, grâce à des partenariat, notamment avec Castorama, la région Ile-de-France et l’Ademe.

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« Le but est aussi de les aider à mieux communiquer »

Dans le « lounge », le plus grand salon du château de Millemont, les participants de POC21 pianotent sur leur clavier d’ordinateur, enfoncés dans un canapé beige. D’autres sont installés dans des poufs aux couleurs vives qui tranchent avec les dorures des murs et le papier peint à fleurs. Ils sirotent un Club Maté, la boisson énergisante des berlinois branchés, et grignotent du chocolat bio. Certains observent attentivement trois petites imprimantes 3D qui ronronnent sur le dessus de cheminée.

L’arrivée de Justyna Swat, l’une des fondatrices du projet POC21, suivie d’une quinzaine de journalistes, vient perturber l’ambiance paisible du salon. La jeune allemande demande à chaque équipe de pitcher son projet. « Le but de POC21 est aussi de les aider à mieux communiquer, explique Justyna. Toutes les semaines, une journée portes ouvertes est organisée pour accueillir les médias et les partenaires. »

Le 19 et 20 septembre, les douze participants auront une autre bonne raison de s’entraîner à présenter leur projet. Une exposition au château de Millemont (inscription sur demande) présentera les douze prototypes sous un géodésique en bois géant. Quinze jours avant la COP21, des fablabs ouverts au public seront installés dans Paris pour former le public à construire les prototypes.

Auteur : Marine Protais

Source : www.usinenouvelle.com

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