Vincent Longagna a inventé un tricycle électrique innovant, qui sera fabriqué en Chine.
Vincent Longagna avec son LongaBike, exposé à Las Vegas en septembre qui sera bientôt produit en Chine.
On le retrouve au sous-sol de la galerie du Loup, à Onex, chez le revendeur de vélos électriques eZee, qui héberge son prototype. Vincent Longagna, professeur de gymnastique au Collège de Staël, donne quelques coups de chiffons à un drôle d’engin à trois roues, qu’il présente depuis des semaines tout autour de la planète. Entièrement imaginé par ce quadragénaire genevois, ce modèle de tricycle à propulsion électrique a convaincu un constructeur chinois, qui devrait en sortir une série dès le printemps. Un rêve pour ce sportif, loin d’imaginer le succès de son LongaBike, créé un peu par hasard dans sa cave avec son père.
«A la base, je souhaitais simplement lâcher le scooter et la voiture, pour me déplacer à vélo», explique l’inventeur de ce trois-roues réunissant les meilleures techniques de maniabilité. «Je me suis vite rendu compte que le vélo traditionnel n’est pas pratique, lorsqu’on transporte du matériel. Et plutôt que de reprendre la voiture, j’ai décidé d’en fabriquer un, selon mes critères de confort. Afin de me déplacer rapidement, avec mes sacs de sport, mes commissions, un enfant en bas âge, voire même un animal. Je voulais un engin polyvalent et confortable.»
Cinq ans de travail acharné
En 2010, il en parle à son père, professeur de dessin technique à la retraite. «En bricoleur hors pair, il a tout de suite relevé le défi», plaisante celui qui rentre d’une exposition à Las Vegas avec son LongaBike. «Je n’ai rien inventé de révolutionnaire, mais testé, utilisé ou modifié différentes technologies, permettant par exemple de surélever le siège, sans perdre en maniabilité.» De fil en aiguille, les deux Géo Trouvetou se prennent au jeu. «On a dessiné plusieurs modèles, fabriqués avec des objets de récupération.» Le premier prototype possède un cadre en bois, agrémenté de pièces détachées de vélos et de tricycles d’enfants. «Nous avions peu de choses et un budget limité, mais ça nous a permis de tester plusieurs options.» Petit à petit, le vélo se professionnalise, les suspensions sont développées jusqu’au dernier prototype, qui n’a rien à envier aux modèles professionnels. «Le cadre est en aluminium, mais la plupart des pièces sont en acier, pour des raisons de poids, détaille le concepteur. Il pèse environ 35 kilos. Le siège à dossier est surélevé, contrairement aux tricycles standards, dont le siège est au raz du bitume.» La plus grande particularité réside dans les articulations. «Deux positions permettent soit de rouler normalement, soit de tourner en inclinant le tricycle. Le système de propulsion et traction par l’arrière offre aussi cette flexibilité révolutionnaire.» L’espace de charge modulable à l’arrière a aussi conquis le constructeur chinois.
Champion suisse de karaté
Ancien champion suisse de karaté, Vincent Longagna savoure aujourd’hui cette petite victoire. «Je suis aussi content pour mon père, qui s’est investi sans compter et n’aurait, comme moi, jamais imaginé une telle aventure.» Ce d’autant que ni l’un ni l’autre ne sont des cyclistes avertis. Son sport fétiche, Vincent Longagna l’a décliné dans d’autres catégories. Ceinture noire de karaté, il est devenu champion suisse puis médaillé de bronze aux championnats d’Europe avant d’ouvrir sa propre école de karaté au Petit-Lancy
Père de deux enfants, il se réjouit d’emmener son fils de 10 mois à l’arrière de l’engin. «Ce système est plus stable qu’un siège sur une bicyclette», assure-t-il. C’est en Chine et lors d’une exposition internationale de tricycles en Allemagne qu’il devra encore séduire les professionnels d’un marché en pleine expansion. «On verra, et même si le produit ne décolle pas, on aura vécu une belle aventure», estime-t-il, lui qui se réjouit aussi de retrouver une vie plus calme. «Je ne vais pas continuer à créer des vélos, mais revenir à ma famille et à mes élèves !»
Auteur : Isabel Jan-Hess
Source : www.tdg.ch