Sain, le muesli ? Sa recette initiale, sûrement. Mais la star du petit-déjeuner a bien changé depuis son invention, en 1863, par le médecin américain James Caleb Jackson, précurseur du « manger sain ». Retour sur l’histoire de ce fameux mélange de céréales que Kellogg’s a bien failli croquer.
Impossible à mâcher. La première recette de muesli n’était pas vraiment une réussite. En 1863, dans les cuisines de son établissement de cure thermale dans l’état de New York, son créateur, un fermier devenu médecin, James Caleb Jackson, cuit un mélange de farine de blé complet jusqu’à ce qu’il soit sec, l’émiette avant de le cuire une seconde fois et de le briser en plusieurs gros morceaux. Les brisures obtenues, très sèches, doivent être trempées dans du lait pendant toute une nuit pour être mangeables. Appétissant…
James Caleb Jackson baptise sa mixture « granula », du nom latin de graine, granum. Elle est au menu du petit-déjeuner de ses patients en cure thermale, car l’homme est déjà persuadé, à cette époque, qu’une alimentation saine est la meilleure des médecines. Il prête aussi à sa recette d’autres curieux bienfaits : comme celui de devenir un meilleur croyant ou de réduire l’envie de manger de la viande.
De « granula » à Granola
Sa recette de granula ne va pas rester secrète très longtemps. En 1878, le médecin reçoit la visite d’un de ses confrères curieux de découvrir ses méthodes, le Dr John Harvey Kellogg (oui, celui des corn-flakes), qui dirige également un établissement thermal dans le Michigan.
Quelques années plus tard, Kellogg sort sa propre recette de céréales pour le petit-déjeuner, composée d’avoine moulue, de blé et de maïs. Pas très inspiré, il nomme sa création « Granula ». Poursuivi en justice en 1889 par James Caleb Jackson, il perd le procès et doit modifier le nom de son invention. Le Granula de Kellogg devient… Granola et ne rencontre pas le succès attendu.
Le coup de génie viendra plus tard, en 1902, avec l’invention des pétales de maïs cuits (corn-flakes, en anglais) qui participeront à la construction de l’empire des frères Kellogg. Par la suite, la marque a continué le développement de ses recettes de céréales pour le petit-déjeuner, surtout pour les enfants, et les a allègrement agrémentées de sucre.
C’est dans les années 1960, avec le mouvement hippie, que cet agglomérat de céréales et de graines complètes revient à la mode. Fruits séchés et miel enrichissent la recette initiale. L’ensemble est parfois torréfié pour ajouter du croustillant.
En Europe, on doit le nom de « muesli » à un médecin nutritionniste suisse, Maximilian Bircher-Benner, qui adapte, à la toute fin du XIXe siècle, la recette de « granula » de Jackson : des flocons d’avoine trempés dans de l’eau, de la pomme crue, du lait condensé, des noix et du jus de citron.
Une recette qui se rapproche de celle recommandée par les nutritionnistes aujourd’hui. À la fin des années 1960, une firme suisse, Somalon AG, cuisine la recette du médecin à échelle industrielle et exporte le produit sous le nom de Birchermüesli aux États-Unis, en Allemagne, en Autriche et en Grande-Bretagne. Le terme « muesli » est ainsi resté.
Des qualités nutritionnelles
« C’est un excellent petit-déjeuner qui présente de bonnes qualités nutritionnelles, à condition d’être fabriqué maison et avec des produits biologiques, insiste la Dr Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin spécialiste en nutrition. Les flocons de céréales apportent protéines, fibres, vitamines et minéraux. Ils permettent d’atteindre l’effet de satiété, avec de petites quantités. On peut ajouter des fruits frais ou déshydratés, des oléagineux comme des amandes, des noix et un produit laitier animal ou un jus végétal. »
La recette, plutôt rapide à préparer – « cinq minutes, pas plus ! » – convient aussi aux enfants, à condition de bien respecter la présence du produit laitier, selon la médecin. Elle préconise d’éviter les mueslis tout faits. « Trop chauffés, ils ont un indice glycémique plus élevé et contiennent plus de sucre. » Des sociétés ont flairé la bonne affaire et proposent à la vente des kits biologiques pour composer soi-même son muesli « healthy ».
Auteur : Marie Merdrignac
Source : www.ouest-france.fr