Un Vaudois a élaboré une machine pour fabriquer son propre détergent écolo. De l’eau, du sel et de l’électricité pour un résultat aussi efficace que l’eau de Javel.
«C’est l’équivalent d’un coup de Taser pour les bactéries», explique son inventeur, le Vaudois Willy Pomathios. En plus de nettoyer, sa lotion, que l’on peut fabriquer chez soi grâce à la machine Aquama, est aussi désinfectante. Publicité et puissance du lobby du détergent obligent, on a tendance à penser que rien n’est plus efficace que la chimie pour dissoudre les taches tenaces en cuisine et décrasser le fond de ses toilettes.
Willy Pomathios veut prouver au monde le contraire. L’ancien cadre en hôtellerie a inventé une sorte de blender qui transforme un simple mélange d’eau et de sel en détergent hautement réactif grâce à l’action de l’électricité. «Sur le principe, je n’ai rien inventé: l’hydrolyse existe depuis 200 ans, explique le jeune entrepreneur. Mais nous avons réussi à stabiliser le produit et à faire en sorte que chacun puisse le fabriquer chez soi.»
Objectif premier: réduire l’impact sur l’environnement des produits de nettoyage, dont la grande majorité est encore issue de la pétrochimie. «En 2013, l’industrie des détergents et de la désinfection a émis 48 mégatonnes de solutions chimiques dans le monde, sans compter la Chine dont les données sont totalement opaques. Je veux réduire ce chiffre de moitié d’ici à 2030», explique Willy Pomathios. Tensioactifs, solvants, agents dégraissants ou moussants, phosphates, enzymes ou bactéricides, les composés chimiques de synthèse polluent aussi bien les sols que l’air et les cours d’eau. Pas idéal pour la faune et la flore, et de surcroît toxique pour les utilisateurs. En particulier pour les personnes travaillant dans l’entretien, qui manipulent ces produits quotidiennement.
39 centimes le litre
«La femme de ménage de ma voisine n’arrivait plus à respirer tellement le produit de nettoyage qu’elle utilisait dans la salle de bains lui irritait les poumons. Avec notre détergent écolo, il n’y a aucun problème de ce type : on peut même s’en pschitter dans la bouche sans risque !» s’enthousiasme Willy Pomathios, joignant le geste à la parole. Et pour ceux que l’argument écologique ou sanitaire ne convainc pas, il y a toujours l’aspect économique : fabriquer son produit de nettoyage maison revient à 39 centimes le litre – sans compter l’amortissement de l’appareil, de quelques centaines de francs. La machine elle-même n’est pas irréprochable sur le plan écologique : composée en partie de plastique, elle est fabriquée en Corée du Sud. Mais l’entrepreneur espère ramener la production sur le sol suisse d’ici à deux ou trois ans. Et réussir le pari de la fabriquer en matériaux 100% biodégradables, peut-être même compostables. La version industrielle de la machine à détergent écolo est déjà utilisée par de grandes entreprises comme EasyJet, les HUG et l’aéroport de Cointrin. Pour l’installer dans sa cuisine, il faudra attendre le 25 novembre, date du lancement officiel de la version «mini» pour l’usage privé. Juste à temps pour le sapin…
Auteur : Alexandra Brutsch
Source : www.lematin.ch