Article de presse

Face aux entrepreneurs: l’inventeur de Meetic se raconte


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Marc Simoncini, dans son bureau à Paris.

Succès, échecs, doutes, convictions… Conversation à bâtons rompus dans le bureau de Marc Simoncini, fondateur de Meetic, aujourd’hui à la tête du lunetier Sensee.

Pour le grand public, Marc Simoncini c’est le fondateur de Meetic, le célèbre site Internet de rencontres, véritable success story française. Pourtant, son aventure entrepreneuriale ne se limite pas à cette réussite. Loin de là. Il y a un avant Meetic, un pendant et un après. C’est ce long parcours, ponctué de prises de risques et de remises en question, qui l’a fait entrer dans la catégorie des « serial entrepreneurs », catégorie numérique.

Nouveau défi

Depuis 2011, il s’attaque au marché de l’optique en ligne. Son groupe, Sensee, vend lunettes et lentilles sur Internet et dans 3 boutiques, bientôt 4. Leur fabrication est 100 % française, à Oyonnax (Ain). Là encore, Marc Simoncini a vu juste. Le groupe de 60 personnes a triplé son chiffre d’affaires. Attention : il ne se voit pas comme patron. Son job, c’est d’avoir des idées innovantes. « Si vous pensez qu’entreprendre vous rend heureux, faites-le. » Ce conseil, qu’il a dernièrement partagé sur Twitter, en dit long. A force, l’entrepreneur s’est aussi mué en véritable expert, au point de devenir un investisseur de poids.

Son appétit d’entreprendre, il l’a partagé avec Andréa, Marc, Stéphanie, trois fondateurs de start-up, et Myriam, une banquière branchée innovation, qu’il a reçus chez Jaïna Capital, son fonds d’investissement, à Paris (VIII e), avec un enthousiasme communicatif.

« A 22 ans, je ne savais pas ce qu’étaient un devis, un bilan… »

Stéphanie Florentin. Vous vous êtes lancé très tôt. Quels sont les avantages et les inconvénients d’entreprendre jeune ?

M.S. Plus on démarre tôt, plus on a le temps d’apprendre. Quand j’ai monté ma première boîte à 22 ans, je n’avais rien à perdre. Mais c’était la catastrophe car je ne savais pas ce qu’étaient un devis, un bilan. En général, la première start-up, ça ne marche pas.

Andréa Jacquemin. Vous avez entrepris dans plusieurs secteurs. Pourquoi des branches si différentes ?

M.S. Quand on pense qu’on a réussi quelque part, on croit qu’on peut réussir partout. Par exemple, j’ai investi dans l’industrie lourde, avec des dameuses de 10 t, des ateliers, des usines, des moteurs. Ça n’a pas marché. Mais j’ai appris. Entrepreneur n’est pas un métier en soi. Avoir des idées, du courage, sont des qualités pour entreprendre mais qui ne garantissent pas le succès. C’est passionnant d’essayer.

Marc Stanciu. Pensez-vous que le marché de la rencontre en ligne est saturé ?

M.S. Il est saturé par Meetic ! C’est difficile pour moi de parler de cela car j’y ai passé 10 ans de ma vie. Je n’ai pas vu grand-chose de nouveau avec une vraie chance de devenir très gros depuis Meetic, Match, Tinder. C’est l’un des métiers où l’on dit : le plus gros gagne.

« En France, aucun problème pour financer une start-up »

Myriam Beque. Comment avez-vous fait pour trouver vos premiers financements ?

M.S. Les banques ont été les premières à m’aider. Mais ma grosse erreur, c’était que j’avais horreur des dettes. J’attendais d’avoir 1 million pour acheter des ordinateurs et développer mon activité. Pendant ce temps-là, les concurrents, eux, se faisaient prêter 10 millions pour en acheter dix.

Andréa Jacquemin. En France, manque-t-on d’argent pour accompagner la création puis le développement de start-up ?

M.S. Dans le numérique, le secteur que je connais le mieux, il n’y a aucun problème pour financer une start-up. Si on ne la finance pas, c’est qu’elle n’est pas finançable. Au début, beaucoup passent par la « love money » (NDLR : levée de fonds auprès des proches). Quand l’activité démarre, vous n’êtes pas rentable mais avez encore besoin d’argent. C’est ce dernier bout de la chaîne, le plus risqué, qui est mal assuré. C’est pourquoi Xaviel Niel (Free), Jacques-Antoine Granjon (Vente-privee), Pierre Kosciuzko-Morizet (PriceMinister) et moi, via mon fonds d’investissements Jaïna Capital, avons comblé une partie du financement. En revanche, si vous avez un projet mondial très coûteux, mieux vaut aller aux États-Unis.

« Pour Meetic, j’ai travaillé comme jamais »

Myriam Beque. Quels ont été la plus grande difficulté, le plus gros doute ou échec que vous ayez rencontrés ?

M.S. J’ai monté ma première boîte en 1985. Elle a déposé le bilan en 1989 et j’ai aussitôt remonté la seconde. C’était un portail Internet que j’ai vendu à Vivendi en 2000. Pendant ce temps, j’ai tous les jours douté. Le doute, la difficulté, la résilience sont des caractéristiques fortes de l’entrepreneur.

Stéphanie Florentin. Si vous pouviez changer quelque chose dans votre parcours, ce serait quoi ?

M.S. Quand j’ai vendu ma boîte, je me croyais riche jusqu’à la fin de mes jours. J’étais payé avec des actions Vivendi qui valaient une fortune. Des banquiers m’ont conseillé de les garder et d’emprunter à côté. Sauf que l’action qui valait 70 est tombée à 3. J’ai tout perdu… C’était la plus grosse erreur. Mais je n’avais plus le choix. J’ai créé Meetic et j’ai travaillé comme jamais pour la faire grandir et rembourser mes dettes. Je ne regrette rien.

Andréa Jacquemin. Quelle serait la future bonne idée ?

M.S. L’un de mes critères est d’essayer de ne pas investir dans un métier où Facebook, Google, pourraient aller. C’est le cas pour la rencontre. Idem pour les lunettes. Maintenant, la bonne idée pour moi, c’est de créer un grand projet à but non lucratif.

Auteurs : Virginie de Kerautem, Cyril Peter et Jean-Louis Picot – Source : www.leparisien.fr

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