Il reste de la distillerie Porion, à Wardrecques, une bâtisse, seul témoin d’un passé d’un siècle où l’entreprise employait 250 personnes. Et où Eugène Porion démontrait qu’un patron peut être humain.
C’est le seul vestige de la distillerie Porion qui eut près de 250 employés à la fin du XIX e siècle.
À Pont-Asquin, il y eut autrefois une distillerie. De cette époque ne subsiste qu’un bâtiment, qui abrita les bureaux de la Tuilerie, racheté par les Cartonneries de Gondardennes qui ont investi le site. Eugène Porion n’a que 26 ans quand il y fonde, le long du canal, un établissement agricole destiné à traiter le sucre de betterave. Deux ans plus tard, le jeune arquois met à profit son savoir, acquis à Saint-Omer, puis Boulogne et Bruxelles, pour donner de l’impulsion à son usine. Il la transforme en distillerie. Pour ce faire, il crée une fabrique de potasse brute qu’il fera évoluer en raffinerie.
C’est une aubaine pour le village et la région, donnant du travail à près de 250 personnes. L’entrepreneur imagine un évaporateur industriel, breveté en 1865 et qui prend son nom. Il invente également une méthode de fermentation, qui réduit considérablement l’apport de levure.
« Bon père de famille »
1870 voit arriver une distillerie de grains. La production annuelle est alors de 30 000 hectolitres mais grimpe à 50 000, seize ans plus tard. Eugène Porion s’intéresse à la transformation des résidus, imagine un procédé d’extraction d’huile, des résidus de la distillation de grains. Une industrie nouvelle qui lui fournit de nouveaux produits, ce qui lui permet d’accroître son emprise sur, notamment, le marché des engrais. L’usine wardrecquoise obtient de nombreux prix dans les concours agricoles, par ailleurs, ses travaux permettent d’améliorer la qualité du blé. L’industrie est alors le prolongement de l’agriculture.
Monsieur Porion était considéré comme un patron humain, aimant ses ouvriers qui le lui rendaient bien. Beaucoup d’entre eux, sur ses conseils, grâce à sa politique « de bon père de famille », vont devenir propriétaires de leur logement. Président de la société d’agriculture de Saint-Omer, il n’eut de cesse de la développer. Sa mort, en 1889 après une courte maladie, fut un coup de tonnerre. La distillerie continua son activité jusqu’en 1905, date de sa liquidation.
Auteur : Bruno Delannoy – Source : www.lavoixdunord.fr