Contrefaçon : Pékin pris à son propre piège

En juin, plusieurs dizaines de bébés sont morts, en Chine, après avoir bu du lait en poudre avarié. Du lait de contrefaçon. Devant le drame, le gouvernement chinois a pris conscience du danger que représente ce fléau. Il a nommé à la tête d’un comité de lutte contre la contrefaçon des produits chinois une femme, Wu Hi, celle-là même qui avait pris en charge le dossier du Sras. Une première pour un pays qui a longtemps fermé les yeux sur la question pour préserver l’emploi !

Dans les premiers temps, la Chine a fabriqué au noir des vêtements ou des baskets dans les ateliers qui travaillaient pour des marques occidentales ayant délocalisé leur production. Mais, petit à petit, tous les produits ont été contrefaits : des pièces détachables automobiles aux médicaments en passant par les téléviseurs, les fours à micro-ondes ou les DVD. Impossible de trouver à Pékin un CD non piraté et, dans la région de Shenzen, les faux sont tellement nombreux que les touristes vont à Hongkong faire leurs achats pour être sûrs de trouver des «vrais».

Le processus s’est accéléré. Au cours de la décennie 90, le commerce mondial a augmenté de 50%, celui des produits contrefaits a bondi de 400%. Il représentait 5% du commerce mondial en 2000 et 10% désormais. L’essentiel des produits sont fabriqués en Chine, transitent par Dubaï puis les États-Unis. Cet été encore, des containers remplis de faux Vuitton ont été arraisonnés à Gênes.

Depuis que le phénomène touche la production chinoise elle-même, les autorités ont décidé de s’y attaquer. Wu Hi a mis en place un comité baptisé Moro. Il travaille en liaison étroite avec l’Union européenne. «Il s’agit de former les autorités chinoises, de les informer sur la réalité de nos droits dans trois domaines, les marques, les brevets et les copyrights», explique Élisabeth Ponsolle des Portes, déléguée générale du Comité Colbert qui regroupe des entreprises du luxe, particulièrement touchées. Fin novembre, un premier atelier sur la propriété intellectuelle composé d’industriels français ira traiter de ces sujets avec les autorités chinoises.

Auteur : N. F.

Source : www.lefigaro.fr